Le récit
Sultanat d’Oman – Djebel, wadi et désert
La traversée du Hajar Occidental
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Jour 1 – 05/12/10 : Wadi Bani Rawahah
Départ : 10h30 – Arrivée : 16h30 | +430/-430m – 10km – 5h20
Au départ de Mascate, la capitale du Sultanat d’Oman, j’ai pris l’un des rares transports locaux qui parcourent le pays. Le bus à destination de Nizwa, me dépose au bord de la route au niveau du village d’Al Afaya qui se trouve au pied du Hajar Occidental.
Une épicerie tenant dans une petite pièce, se trouve à l’entrée du hameau. J’en profite pour acheter trois litres d’eau, apparemment je n’en trouverai pas dans le wadi Bani Rawahah. Wadi est un mot arabe signifiant une vallée formée par érosion qui peut faire plusieurs kilomètres de large ou bien le lit d’un cours d’eau asséché. Et c’est par celui-ci que je compte pénétrer dans le massif.
Le canyon est très étroit, il y a un semblant de chemin au départ sur le côté, où des pierres empilées servent de marches. Le sentier W26 est plutôt chaotique, il faut grimper et contourner des blocs rocheux… Je m’enfonce comme cela trois heures durant dans la vallée. Je sais que ce wadi n’est pas l’un des plus faciles, l’itinéraire qui mène au col n’est pas évident à trouver et les parois peuvent être abruptes. Mais si je l‘ai choisi, c’est qu’il devrait me permettre de rejoindre, après le franchissement d’un col à 2005 mètres, le wadi Mistall. Il est l’un des lieux incontournables du Hajar Occidental, avec les villages de Hadash et Wukan qu’il renferme et qui semblent apparemment magnifiques.
Malheureusement, je reste bloqué à 1000 mètres d’altitude, coincé dans le fond du wadi, je ne trouve pas l’itinéraire que je suis sensé suivre. Je ne suis pourtant pas loin, mon GPS indique le waypoint (point de passage) à 800 mètres de là, à vol d’oiseau. Je suis peut être sur la bonne voie, ou peut être que non. En tout cas, là où je me suis engagé ne m’inspire pas vraiment, j’ai de sérieux doutes. Je n’ai pas envie de grimper pour rester bloqué plus haut. Le secteur est délicat en plus. J’avais été prévenu, le Hajar n’est pas un massif facile, il demande de s’y habituer avant d’entreprendre ses chemins les plus délicats, mais bon j’aurai tenté…
Il est du coup plus sage pour moi de faire demi-tour et de pénétrer dans le massif par mon point de départ bis, le wadi Halfayn. Un itinéraire plus simple pour débuter, mais qui ne me permettra pas de rejoindre par le wadi Mistall.
Je suis de retour à Al Alyah vers 16h30. Un Omanais me propose de me conduire au bout de la route bitumée à la sortie du village, à l’entrée du wadi Halfayn à deux kilomètres de là.
Jour 1 bis – 05/12/10 : Wadi Halfayn
Départ : 16h40 – Arrivée : 17h45 | +80/-15m – 5km – 1h05
J’entame donc ma traversée depuis le wadi Halfayn, il est tout de suite bien plus plaisant dés le début, large et agréable à parcourir… J’emprunte le sentier W23 qui est longé d’un vieux falaj serpentant le long du canyon, mais qui n’est plus en utilisation. Ce sont des ingénieux systèmes d’irrigations qui acheminent l’eau depuis sa source jusqu’aux cultures et villages grâce à des galeries souterraines et à des canaux à ciel ouvert. La plus ancienne construction date du VIe siècle.
Je marche jusqu’à la tombé de la nuit, essayant de trouver un endroit convenable pour planter ma tente. Pas trop proche des parois du canyon, pour ne pas risquer de me prendre une chute de pierre pendant la nuit, et si possible sur un espace plat sans cailloux…
A cette époque le soleil se couche à 17h30, et à 18h il fait nuit noire, surtout dans le fond d’un wadi ! Mais il y fait également plus frais. Il a fait très chaud pour moi aujourd’hui, pas loin de 30°C à l’ombre et cela à une tendance à me couper l’appétit.
Crevé par la journée, la chaleur et le fait d’avoir peu mangé, je me couche tôt.
Jour 2 – 06/12/10 : Wadi Halfayn – Plateau de Saiq
Départ : 7h25 – Arrivée : 16h10 | +1640/-435m – 14km – 7h20
Il a fait bien bon cette nuit, même un peu trop chaud pour moi, 18°C. J’essaie de me lever tôt afin de profiter de la fraîcheur du matin, mais étant encore dans le décalage horaire avec la France, j’ai un peu de mal.
Peu de temps après avoir quitté le camp, j’arrive au niveau d’un bassin. Cette eau procure toute de suite un peu de fraîcheur et de verdure. Un petit oasis perdu au milieu du wadi.
Le sentier W23 que je suis n’est pas un chemin officiellement balisé. Cependant, je remarque qu’un petit marquage violet est présent. Il est d’une bonne aide, surtout au moment où il faut pour prendre de la hauteur.
La grimpette commence, à 8h20 j’arrive en zone ensoleillée et ça cogne déjà ! Crème solaire, lunettes de soleil et chèche sur la tête sont de rigueur.
Le marquage s’estompe par moment, il s’agit de ne pas le perdre des yeux, le sentier devenant maintenant plus aérien, il n’est pas toujours évident de le suivre. La montée au soleil est rude, ça grimpe sec. Je m’arrête régulièrement dés que je trouve un coin à l’ombre d’un rocher.
Les montagnes sont spectaculaires et vertigineuses, c’est un panorama grandiose qui m’entoure. Si le vide n’est pas à portée de pied, il est préférable ne pas être sujet au vertige par ici.
Il me faut cinq heures pour atteindre le col et ainsi déboucher sur le village d’Al Manakhir. Je rencontre des Omanais à la première maison que je croise. J’en profite pour leurs demander si je peux faire le plein d’eau avant de poursuivre ma route en direction du plateau de Saiq qui culmine à 2000 mètres d’altitude.
La suite du parcours est une des étapes les moins intéressantes de ma traversée, une portion de route à suivre. C’est parti pour quatre kilomètres de bitume, avant de rattraper une piste. Heureusement, la circulation n’est pas dense.
Je traverse le grand village d’Al Jabal Al Akhdar et j’installe ma tente à la sortie, au niveau du parking, qui est le point de départ du sentier W18b.
Mon bivouac se trouve juste en face des deux beaux villages d’Al Aqur et Al Ayn qui sont tout deux magnifiques et qui sont aussi des incontournables du Hajar Occidental. Un wadi nous sépare, le point de vue pour la soirée au soleil couchant et sous les appels à la prière des mosquées, est de toute beauté.
A 2000 mètres d’altitude, la température se rafraîchit en soirée, mais avec 14°C, je n’ai pas froid, surtout avec mon petit feu. Dans ce pays aride, il n’est pas difficile de trouver du bois mort et sec. Ca me change de mes autres destinations.
Jour 3 – 07/12/10 : Plateau de Saiq – Wadi Bani Habib – Wadi Al Qasha
Départ : 7h40 – Arrivée : 15h55 | +810/-910m – 21km – 7h50
A dormir si près des villages, j’ai été réveillé à 5h20 par les « Allah Akbar » des mosquées. J’avais l’impression d’être au beau milieu d’un concours d’Imams, c’était à celui qui crierait le plus fort.
Avec l’altitude, la nuit a été plus fraîche, j’ai perdu 8°C par rapport à celle d’hier. Mais la température remonte vite. Le soleil arrive sur ma tente quelques minutes après mettre levé.
J’entame le W18b, un sentier officiellement balisé, qui traverse les magnifiques villages d’Al Aqur et Al Ayn, ainsi que leurs falaises et terrasses. C’est un chemin très agréable à parcourir, surtout au petit matin pour débuter la journée.
Le W18b se terminant au village de Saiq, à un croisement, je demande ma route à une jeune fille qui passe par là. A droite à gauche ? Les deux mèneraient au village de Bani Habib. Mouéh, je ne suis pas convaincu. J’ai l’impression qu’elle n’ose pas me parler, où que je lui fais peur.
Sur mon bout de carte issu du livre « Adventure Trekking in Oman », il indique qu’il faut prendre à gauche des fermes. Je continue à longer les cultures dans le fond du wadi, mais en voyant mal comment je vais pourvoir le quitter. En plus le canyon commence à bifurquer pas mal vers le Nord, ce qui n’est pas du tout ma direction.
Je finis par faire demi-tour, mais en suivant les falaj sur l’autre flanc de la vallée, ce qui me donne de la hauteur pour observer les environs. J’aperçois un sentier au loin de l’autre côté du wadi qui me semble pas mal. Au bout du falaj, j’arrive au niveau d’un bassin où deux jeunes filles lavent du linge, elles semblent moins farouches à la discutions. Je leurs demande de quel côté se trouve le village Bani Habib, mais elles m’indiquent la direction de la route qui est à l’opposé du sentier que j’ai repéré. Je ne suis toujours pas convaincu… Un peu plus loin, je tombe sur deux hommes. Cette fois c’est bon, ils me confirment mon sentier !
J’arrive au finalement au village de Bani Habib par une piste et un peu de hors-piste à travers le plateau qui me fait penser à un champ de lave.
Je poursuis jusqu’à la sortie du village, où je tombe sur un parking flambant neuf avec plusieurs 4×4. Ceux sont des Omanais qui sont venus faire une petite balade pour découvrir dans le wadi Bani Habib un vieux village abandonné.
Les ruines sont très sympas à parcourir, il faut me faufiler au travers des maisons effondrées, pour atteindre l’autre extrémité du village.
J’entame une longue et douce remontée pour atteindre un col qui culmine à 2125 mètres d’altitude. J’en perds un peu la trace, surtout sur la fin, mais il n’est pas trop difficile de se frayer un chemin dans le secteur. Je navigue au gré du relief suivant mon cap pendant trois heures. Lorsque je l’atteins, le prochain village que je dois rejoindre se trouve juste en contre bas, sur les bords d’un wadi aux parois impressionnantes vue d’ici.
Au village d’Al Jarir, il n’y a rien, ni personne ! C’est vraiment un coin paumé. Je le traverse par sa rue principale, en me disant qu’il y a bien quelqu’un qui me verra et m’interpellera pour me saluer et me demander d’où je viens.
Il ne faut guère plus de cinq minutes pour qu’un enfant me rejoigne… D’autres suivent rapidement. Deux hommes arrivent également. Je vais pouvoir faire le plein d’eau et me confirmer ma prochaine étape.
Je prends la direction du village d’Aqbat Al Biyut par le sentier W7 qui n’est tout simplement qu’une piste poussiéreuse. Juste avant le col, je bifurque en direction des hauteurs du wadi Al Qasha afin de rejoindre le W19 pour la nuit. Ce sentier se prolonge sur environ cinq kilomètres pour déboucher, d’après ma carte, sur un point de vue sur le canyon. Mais vu l’heure, je compte m’arrêter avant, il est trop loin pour que je puisse l’atteindre. Cependant, j’ai tout de même l’intention de me faire un bivouac avec un panorama exceptionnel ce soir, je vais dominer le wadi !
Si au Sultanat d’Oman le bivouac est libre et gratuit partout, j’ai beaucoup de mal à trouver un coin où poser ma tente. C’est rempli de caillasses, de grandes dalles de pierres, laissant peu de place disponible. C’est avec difficulté que je trouve un emplacement suffisamment grand pour ma petite tente.
La nuit tombée, je n’aperçois plus dans le noir ce grand vide qui se trouve face à moi, dominé par de grandes parois rocheuses. Par contre, je peux voir la ville de Tanuf tout illuminée en fond de vallée.
Jour 4 – 08/12/10 : Wadi Al Qasha – Wadi Al Kawar – Djebel Al Akhdar
Départ : 7h55 – Arrivée : 16h50 | +1260/-1150m – 19km – 7h50
Le lever du soleil sur le wadi Al Qasha est splendide ! Il n’y a pas mieux pour se réveiller en forme et se motiver pour entamer la journée.
A Oman, lorsque je me réveille le matin et que je sors la tête de la tente, ce n’est pas pour observer la météo qu’il va faire. Je le sais, grand beau ! Mais c’est plutôt pour estimer combien de temps il me reste avant que le soleil m’arrive dessus. C’est en général qu’une question de minutes.
J’arrive au village d’Aqbat Al Biyut et il n’y a encore une fois pas grand monde dans les rues. Lorsque j’entends un portail s’ouvrir, je me dirige du coup en direction de la personne qui en sort. Afin d’avoir quelques informations sur la suite du sentier, car j’ai un peu de mal à me faire un idée d’où il peut partir.
Il s’appelle Mohamed et il a une sacrée barbe ! Rectangulaire et bien touffue, elle en masque son visage. Fort sympa, il me conduit au départ du chemin qui se trouve à la sortie l de son village.
La portion qui suit du W17 est un petit sentier non balisé. Je ne sais si c’est parce que je commence à m’habituer à ces montagnes, mais j’arrive à le suivre sans difficulté. Même sur les passages où il n’y a quasi plus aucune trace distinctive. Sur le bord du chemin, je croise mon premier serpent ! Il est noir, plutôt petit même si je le trouve assez long. Il s’enfuit très vite. Une de mes préoccupations lors des préparatifs pour ce voyage était de savoir comment je devais réagir face aux serpents et surtout, face aux scorpions, qui sont mortels dans la région. Etant seul et à plusieurs heures de marche du prochain village qui lui-même se trouve dans un coin paumé, une morsure pourrait m’être fatale. Je me suis donc bien renseigner sur les précautions d’usages face à ces bestioles et équipé d’une pompe à venin. Mais efficace uniquement contre les scorpions…
J’arrive sur les hauteurs du wadi Al Kawar, le hameau de Masirat Jawamid se trouve dans le fond. Je descends jusqu’à environ 100 mètres au dessus du village avant de me retrouver bloqué par les parois abrupte. Elles sont à-pic ! Impossible de descendre comme cela au hasard, il faut absolument trouver le passage.
Au bout de trente minutes, je finis par le trouver et j’arrive au hameau, après trois heures de marche, où les maisons sont encrées dans la montagne. Le village, ou plutôt ces quelques maisons ne semblent pas abandonnées, mais il n’y a personne, uniquement un âne. Moi qui hésite pour la suite de mon parcours, ça semble raté pour avoir des renseignements.
Ces maisons sont vraiment perdues au fin fond un trou du cul du monde. La partie du canyon où elles se trouvent est très étroite, à peine 30 mètres de large. Je me demande comment un jour des hommes et des femmes ont pu avoir l’idée de venir s’installer ici ! La seule solution que j’arrive à envisager, c’est qu’un groupe de personnes a du un jour vouloir explorer cette vallée et qu’ils sont restés coincés ici !
Je m’installe dans un coin pour manger, me disant que d’ici la prochaine demi-heure, avec un peu de chance, une personne va peut être passer et je pourrai me renseigner pour la suite.
Trois solutions s’offre à moi pour rejoindre le village d’Ar Ruus :
- Passer par le col pour rejoindre le village Masirat Ash Shuraqiyin au fond du wadi Al Hijri avant de remonter sur Ar Russ. C’est le chemin le plus court, mais le col semble assez délicat à passer.
- Suivre le fond du wadi Al Kawar, puis le wadi Al Hijri pour rejoindre Masirat Ash Shuraqiyin. Ca me fait un grand détour, mais sans difficulté. Le problème, c’est que je n’aurai jamais suffisamment d’eau pour tenir deux jours et jusqu’à Ar Russ. Masirat Ash Shuraqiyin sera certainement comme ici, sans vie.
- Sortir du wadi Al Kawar en direction du village d’Al Hilayat par le sentier que j’ai aperçu de loin tout à l’heure, et de là, j’irai jusqu’à Ar Ruus par la route. Le hic, c’est qu’il n’est pas sur ma carte et que je n’ai aucune idée de l’état du chemin.
J’entends des voix ! N’ayant pas attrapé d’insolation, je me dis que des personnes doivent arriver ! Je m’en vais à leur rencontre.
Il s’agit de cinq Omanais qui font une randonnée à la journée. Ils sont descendus du village d’Al Hilayat et ils me confirment que le sentier est praticable et facile à suivre. Bingo, j’ai mon itinéraire
Alors que j’ai à peine commencé la montée, je suis rattrapé au pas de course, par l’un des Omanais. Sami de son prénom, me dit que ses amis fond une boucle et qu’ils comptent remonter pas un itinéraire très raide. Qu’ils sont trop fous pour lui. Est-ce vrai ? Ou est-ce pour marcher en compagnie d’un étranger et ainsi pouvoir discuter ? Je n’arrive pas vraiment à le savoir, mais en tout cas il est, comme tout ceux que j’ai eu l’occasion de rencontrer (et que je rencontrai lors de séjour à Oman), fort sympathique et très accueillant.
Il m’explique tout un tas de chose pendant notre grimpette. Que les trous dans les parois sont des réfrigérateurs pour garder de l’eau au frais, que les plantes aux fruits ronds et jaunes ne sont pas comestibles, qu’elles rendent fou, comme le whisky.
Contrairement à moi, Sami marche sans sac à dos, mais j’ai l’impression qu’il souffre plus que moi dans cette grimpette en plein soleil en ce début d’après midi. Je lui propose de l’eau qu’il refuse tout d’abord poliment, mais il fait trop chaud pour refuser une deuxième fois…
Puis il s’arrête me disant que ses chaussures, pourtant à sa taille, ne sont pas bonnes pour la randonnée. Je les trouve moi plutôt adaptées au terrain, plus que les miennes en tout cas. Du coup il les retire et continue en chaussettes en pleine caillasse ! A mon avis, il a du manger un fruit de la plante à whisky !
Arrivés à Al Hilayat, il me fait entrer dans la cour de la mosquée où un groupe d’hommes est allongé sur des tapis entrain de discuter. De l’eau bien fraîche nous est apportée, a fait un bien fou.
Au moment de quitter Sami pour continuer ma route, il me propose de venir chez lui. Mais à grand regret, je dois refuser, il habite de l’autre côté du massif, de là où je viens… Et ma route est encore longue.
Je poursuis seul mon chemin par une route déserte jusqu’au village d’Ar Ruus. Hormis le fait de marcher sur du bitume, l’itinéraire reste fort sympa. Il passe par des paysages très escarpés obligeant la chaussée à ressembler à un grand huit par moment. J’ai bien plus l’impression d’être sur un chemin de rando qu’un axe routier.
Je traverse un village flambant neuf qui n’est pas sur ma carte, aux maisons identiques les unes aux autres, jusqu’au moindre détail. Je croise également deux jeunes garçons en maillot de football, prêt à aller jouer un match. Couvert comme des baudets, de gants, bonnets et écharpes, alors que je suis en t-shirt. Leur hiver est mon été.
Arrivé à Ar Ruus, je fais le plein d’eau à la mosquée pour débuter ma plus longue étape. Deux hommes sont là, ils m’indiquent le départ du sentier W10 et l’itinéraire qu’il suit en gros. Ils me disent également que l’armée balisé le chemin et qu’il est facile à suivre. Je n’ai aucune idée à quoi peut ressembler un marquage militaire, je verrai bien. Cette traversée des hauteurs du Hajar devrait donc s’annoncer tranquille, je pourrai en profiter un maximum.
Un jeu de piste commence, avec le soleil couchant en pleine face, je suis complètement ébouilli. Je ne vois pas les marques blanches au raz du sol. Du coup, en 1h30 de marche, je n’ai guère avancé. Je pose ma tente sur un petit plateau, plat et terreux pour une fois, juste avant le début de la crête. Je suis installé confortable pour passer une soirée qui s’annonce sympathique au coin du feu.
Une fois couché dans mon duvet, je me rends compte que j’ai gagné le pompon ! Mon bivouac se trouve être le recoin préféré de deux ânes ! Ils n’arrêtent pas de venir me voir. Je dois sortir à plusieurs reprises de ma tente pour les éloigner.
Jour 5 – 09/12/10 : Djebel Al Akhdar – Sharaf Al Alamayn
Départ : 7h30 – Arrivée : 15h00 | +1000/-1000m – 13km – 6h40
Je décolle du camp dés que le soleil arrive sur moi, la nuit à été fraîche, 8°C. Chaque matin est un peu plus frisquet que la veille.
Je poursuis la traversée en suivant le marquage blanc. Le sentier est assez sympa à suivre et les points de vue sont tellement nombreux que je pourrais m’arrêter tous les deux pas.
Après le passage d’un col à 2200 mètres d’altitude, je me retrouve sur un petit plateau dominer par un gros cairn surmonter d’un cran d’animal. Il s’agit du col qui permet de franchir le Hajar sur l’axe Nord-Sud, du village de Thaqub au village de Qiyut. De là, je ne trouve plus aucun balisage, je passe prés de trois quarts d’heure à tourner sur ce grand plateau pour trouver le moindre indice sur la suite du sentier. Mais sans résultat.
Puis je finis par en avoir marre de tourner en rond, je sais que de toute façon je dois aller plein Ouest, alors c’est le cap que je vais suivre. Je préfère faire des détours en cherchant mon propre chemin que des allers/retours sur les quatre coins de la crête pour trouver un marquage invisible.
Pendant la première heure, je vais apercevoir occasionnellement des marques blanches, mais ça sera tout. Et de temps en temps, jusqu’à la fin, des petits cairns. Ce qui veut dire que je ne serai au final jamais très loin du sentier à suivre.
Toute cette étape sur les hauteurs du Hajar est vraiment spectaculaire. Le panorama sur les deux versants est impressionnant et les wadis sont imposants.
Je fais gaffe du coup à ne pas me faire bloqué par l’un deux, c’est le plus délicat dans cette traversée.
Je vois un grand pylône rouge et blanc au loin. Je pense qu’il doit se trouver au col Sharaf Al Alamayn que je dois rejoindre et qui marque la fin de ma traversée. Je peux ainsi en fixant cette objectif mieux géré mon itinéraire improvisé.
Je vadrouille en cherchant mon propre chemin pendant prés de cinq heures. Mais à mon arrivée, je me rends compte que je me suis fait piéger juste à la fin ! Je me retrouve sur un petit sur sommet qui surplombe le col, que j’aurai dû le contourner.
La descente n’est pas évidente à trouver, c’est à-pic de tous les côtés et les wadis font barrages. J’aperçois comme une aire de camping en contre bas, le col Sharaf Al Alamayn étant un coin touristique, ce n’est pas improbable que ceux qui s’y rendre en 4×4 fassent un halte dans le coin. Il doit certainement avoir un chemin qui en part pour rejoindre ce petit sommet. Je tente ma chance sur ce versant.
Je trouve un petit éboulis permettant de m’échapper pour gagner un petit replat en contre bas. Puis de là, un petit sentier vers la route où je peux rejoindre quelques dizaines de mètres plus loin le camp.
Il s’agit en fait d’un hôtel, le Birkat Al Sharaf (à ne pas confondre avec le col du même nom), et non d’un camping.
Comme partout au Sultanat d’Oman, les prix ne sont pas donnés pour les nuits d’hôtel, 30 Ro (60 €). Mais lorsque la réceptionniste me dit qu’il y a des douches dans la chambre, je craque… Après cinq jours de marche sous la chaleur et sans eau, je commence à être crado et à avoir un début d’irritation sous le bras. De plus mes vêtements ont grand besoin eux aussi d’être lavés.
Apparemment, lorsqu’elle m’a annoncé le prix, j’ai été tellement surpris, que j’ai dû faire une sale tête. Car elle m’a toute de suite fait un rabais, j’ai la chambre pour 20 Ro (40 €). Il faut dire que ce soir, nous ne sommes que deux clients. Alors que lorsqu’un groupe d’une agence débarque, l’hôtel affiche complet. J’ai de la chance !
N’ayant que peu mangé depuis le début, je profite du restaurant pour me faire un repas complet et copieux pour 5 Ro (10 €). Une soupe en entrée, suivi d’un bon poulet frites et d’une salade de fruits. Je profite également du thé à volonté pour bien m’hydrater.
Il m’a fallu tout de même huit heures de marche au total pour effectuer la traversée depuis Ar Ruus, c’est une sacrée étape.
Jour 6 – 10/12/10 : Sharaf Al Alamayn – Wadi Bani Awf – Wadi Al Misfat
Départ : 7h30 – Arrivée : 16h40 | +1385/-2110m – 22km – 8h25
Je rejoins le col Sharaf Al Alamayn, culminant à 2050 mètres d’altitude, qui se trouve juste à côté de l’hôtel. De là, je fais le choix de descendre par la longue piste sableuse et zigzagante jusqu’au village de Balad Sayt. A cette heure, il n’y a pas de circulation, juste deux ou trois 4×4 de locaux. Ceux des touristes ne devraient pas arriver avant la fin de matinée je pense.
Je slalome sur cette longue descente qui me fait arriver au fond du wadi Bani Awf, passant non loin du village de Haat qui avec ses palmiers qui l’encerclent lui donne l’aspect d’une oasis paisible et fraîche dans ce paysage sec.
La piste passe en contre bas de Balad Sayt et fait un grand détour avant de remonter au village. Je suis sûr que je dois pouvoir trouver un passage pour l’éviter. Je me renseigne auprès de deux personnes que je croise au bord de la route. Il est apparemment possible de traverser le mini canyon très étroit qui se trouve juste à côté. En quelques minutes je rejoins le village après prés de trois heures de descente.
Balad Sayt est de toute beauté ! Une véritable oasis perchée sur les montagnes ! Encastré sur le Djebel Shams, c’est un véritable puit de verdure. Les cultures en terrasses sont verdoyantes, les palmiers s’élancent haut dans le ciel… Il règne une fraîcheur où il fait bon vivre. Je ne regrette pas le détour que j’ai fait pour venir jusqu’ici !
Après une halte à la mosquée, où je me suis gorgé le ventre d’eau, je me lance sur le prochain sentier, le W8.
La grimpette est raide dés le début et plaquée sur la paroi rocheuse du massif, j’ai l’impression d’être dans un four. C’est un des itinéraires officiellement balisés du Hajar Occidental, il est donc très facile à suivre. Heureusement car le sentier est aérien sur 900 mètres de montée. Au bord du vide à maintes reprises, il s’agit d’éviter tout faux pas.
Quand d’un coup, j’entends un « ALLAAAAAAAAAH AKBAAAAAAAAAR » en provenance de la mosquée, raisonnant dans toute la vallée. J’ai été à deux doigts d’en perde l’équilibre… C’est tout simplement l’heure de la prière.
Je croise mes trois premiers randonneurs occidentaux, qui font une halte à mi-chemin. Il n’y a pas vraiment foule dans les montagnes d’Oman.
J’arrive sur les hauteurs, au niveau du cairn qui surplombe le village, au bout de 2h45 de marche. De là, je poursuis sur W9, un sentier également officiellement balisé qui après une longue, très longue descente doit m’amener au prochain village, Misfat Al Abriyyin.
Je marche jusqu’à quasiment la tombée de la nuit, et j’ai encore une fois du mal à trouver un coin pour installer ma tente, le terrain ne s’y prête guère. Je finis par me poser à une intersection de wadis, peu après une maisonnette. Ce n’est que plus tard dans la soirée, une fois sous la tente lorsque je regarde mon programme pour demain que je m’aperçois, que je suis pile au carrefour pour la suite de mon itinéraire.
Je me rends compte que je ne suis pas obligé de redescendre jusque Misfat Al Abriyyin, je pourrai prendre d’ici la direction vers mon prochain col. Le problème, c’est que je suis parti de Balad Sayt avec seulement deux litres d’eau, ce qui m’était juste suffisant pour rejoindre Misfat Al Abriyyin. Que faire demain ?
Jour 7 – 11/12/10 : Wadi Al Misfat – Birkat Al Sharaf – Aqabah Al Hamra
Départ : 7h40 – Arrivée : 16h05 | +1170/-1550m – 18km – 7h10
Je n’ai pas vraiment envie de descendre jusqu’à Misfat Al Abriyyin juste pour faire le plein d’eau. L’aller-retour me prendrait la matinée… En plus, cette nuit, je voyais pas mal de lumière en contre bas dans la vallée, ça avait l’air plutôt grand, ce qui ne me motive pas trop. Je croise les doigts pour en trouver au hameau que je dois traverser avant d’atteindre le col.
Je longe le wadi Al Misfat en direction du hameau d’Aqabah Al Hamra qui se trouve un peu plus haut. Je croise une famille qui en descend. L’un d’eux me confirme que j’y trouverai de l’eau, me voilà rassuré. Il ne me reste à peine 75 centilitres.
Lorsque j’arrive au hameau, il ne s’agit en fait que des quelques vielles maisons en pierres empilées. Alors que jusqu’à présent, je n’ai croisé aucun chien, là, trois viennent m’accueillir en aboyant ! Ne pouvant pas contourner les maisons, j’avance avec prudence.
Un vieux monsieur sort de chez lui, il semble être le seul à y être resté pour la journée avec certainement une petite fille que j’aperçois furtivement et qui doit s’occuper d’un bébé que j’entends pleurer.
Il sort un tapis devant sa maison et m’invite à m’y asseoir pour prendre le café et manger quelques dattes. Il ne parle pas Anglais, et ne parlant pas un mot d’Arabe, la conversation est très difficile. J’essai cependant de lui demander son nom. Je me montre de la main et disant mon prénom, puis le montre lui… Sans résultat. J’ai beau recommencer plusieurs fois, doucement, en faisant de beaux gestes, mais rien à faire, c’est bon pour le cinéma ce genre de chose ! Pris dans mon élan de tentative désespérer de communiquer, je tente d’une autre façon. Je lui montre mon passeport en en pointant du doigt ma photo, puis le nom à côté. Bingo ! Il s’appelle Saïd.
En continuant notre langage des signes, j’arrive à me faire indiquer en gros l’itinéraire que je dois suivre, ainsi que le temps de marche nécessaire pour rejoindre le col.
Malheureusement Saïd ne dispose pas d’eau à me donner, le secteur est bien trop sec, elle est trop précieuse pour être offerte.
Je poursuis la montée en direction du col Birkat Sharaf culminant à 2150 mètres d’altitude sur un itinéraire marqué d’un petit balisage blanc. Il me faut deux heures pour rejoindre le col, comme me l’avait indiqué Saïd. Le panorama sur le wadi Sahtan est grandiose et immense.
J’aperçois en bas le village d’Al Hiwayb que je souhaite rejoindre. Par contre, la descente est sur le versant raide du massif, à l’identique du sentier W8 qui était aérien. Mais la différence c’est qu’ici le W7a n’est pas un sentier officiellement balisé, et du coup, ça peut être une toute autre histoire que de l’emprunter… Je croise juste les doigts pour que le petit balisage blanc que j’ai suivi depuis Aqabah Al Hamra se poursuivre… Ca semble être le cas, je repère des marques à l’amorce de la descente.
Mais 200 mètres plus bas, je rejoins un petit replat, et de là, je ne trouve plus aucune trace de marquage… Je fais des allers-retours sur cette plate-forme pendant une heure et demie, cherchant le moindre passage par le quel ce sentier pourrait passer… Le seul endroit où j’arrive à imaginer est un couloir abrupte et étroit dont je ne vois même pas où il pourrait déboucher… Et après ?
Que faire ? Tout est à-pic ici ! Le hors piste est impensable… Le risque est beaucoup trop important pour tenter de descendre seul ses parois.
Le seul autre chemin dans le secteur, le sentier W10, qui conduit tout droit au Jabals Shams, le point culminant du Hajar. Un sommet que je compte rejoindre dans quelques jours, mais par un autre itinéraire. Car je sais que ce sentier est également très délicat sur sa fin du parcours, je ne préfère donc pas me lancer dessus.
Me voilà à mon septième jour de marche, au beau milieu du Hajar, bloqué à 2000 mètres d’altitude le jour de mon anniversaire… Je me souviendrai de mes 32 ans, comme le jour où j’ai du rebrousser chemin, une chose qui ne m’arrive pas souvent… Ou bien, peut être comme le jour où la sagesse a pris le devant face à la difficulté et la sécurité… Car descendre par ce couloir aurait été je pense qu’une pure folie…
J’avais pourtant bien préparé mon itinéraire, mais comme quoi, même ainsi la montagne réserve des surprises et elle reste la plus forte.
Je remonte donc en direction du col. Puis sans eau, je redescends jusqu’au hameau d’Aqabah Al Hamra, passe devant l’emplacement de mon bivouac de la nuit dernière et poursuis jusqu’à Misfat Al Abriyyin à 950 mètres d’altitude après trois heures de marche.
Alors que ce matin je pensais que ce village ne méritait par un détour, je suis tout ébouli par ce magnifique chemin qui amène au centre. Le sentier longe les parois verticales du canyon avant de surplomber les cultures en terrasse du village. L’arrivée se fait en plongeant dans une oasis verte.
Je longe les wadis jusqu’aux bassins où un robinet permet d’étancher ma soif et d’en finir avec ma journée sans eau. Malheureusement il est trop tard, j’ai été déshydraté, mais lèvres en sont toute sèches…
Puis l’entrée dans le village se fait par le vieux Misfat Al Abriyyin, de toute beauté. Il fait partie de ces villages de Hajar qu’il faut visiter.
J’installe ma tente à la sortie du village, derrière l’école, avec une vue sur la ville d’Al Hamra en contre bas. Je passe ainsi la soirée, qui est douce à 900 mètres d’altitude, au coin du feu à regarder les illuminations dans la vallée.
Jour 8 – 12/12/10 : Aqabah Al Hamra – Ghul – Grand Canyon
Départ : 9h00 – Arrivée : 16h05 | +1610/-475m – 20km – 6h35
Si hier je tenais à passer de l’autre côté du massif du Hajar, c’est qu’il y avait des sentiers et pistes qui m’auraient permis de rejoindre le Grand Canyon et le Jabal Shams.
D’ici, je n’ai pas d’autre choix à ma connaissance, que de rejoindre la ville d’Al Hamra et de prendre la route en direction du village de Ghul. Je n’ai ni carte, ni d’idée sur la distance. N’ayant aucune envie de suivre un axe routier fréquenté toute une journée, j’opte à regret pour le stop.
Je me fais un petit lavage de chat aux sanitaires publics du village, histoire d’être présentable avant de lever le pouce.
Un père, avec ses 2 petites filles, me prend en stop dans sa camionnette pour rejoindre Al Hamra à cinq kilomètres de là. Puis c’est un sourd-muet qui m’amène jusqu’au village de Ghul au pied du wadi An Nakhur, dit le Grand Canyon.
Le départ du sentier W6, un chemin officiellement balisé commence dans l’oasis à côté du village. Il long le falaj, puis il prend de la hauteur pour pénétrer dans l’ancien village de Ghul, maintenant abandonné. C’est dans les éboulis des maisons que j’aperçois un renard du désert. Il reste immobile, me fixant des yeux, avec ses longues oreilles pointues.
Je poursuis la grimpette sous un soleil de plomb, il fait très chaud aujourd’hui. J’ai perdu pas mal de dénivelé par rapport aux jours précédents, l’air est moins frais.
Au bout de trois heures, j’arrive au hameau d’Al Khatin où je me procure un peu d’eau.
D’ici part un sentier qui s’engage dans le Grand Canyon, mais à flanc de paroi ! Il conduit jusqu’à un village abandonné qui se trouve tout au fond du wadi, perché à 1690 mètres d’altitude.
Il me faut deux heures et demie pour faire l’aller-retour sur ce sentier creusé dans la roche. Le canyon vu de l’intérieur est très impressionnant, les parois sont gigantesques, je me sens tout petit du haut de mon mètre quatre-vingt…
Puis je rejoins le camp de base du Jabam Shams à sept kilomètres d’Al Khatin. Je m’y installe pour la soirée. Il est tenu par deux Bangladais, que j’ai dû mal à comprendre avec leur fort accent, mais qui prépareront un bon repas copieux de chez eux pour le souper.
Au camping, je suis rejoins par un couple de Français, nous sommes les seuls ce soir. Nous passons une soirée sympathique. Au souper, je me goinfre pour rattraper ce que j’ai pu perdre les jours précédents…
Jour 9 – 13/12/10 : Jabal Shams
Départ : 7h50 – Arrivée : 17h00 | +1510/-1510m – 22km – 8h00
Pour la première fois, la nuit a été fraîche, avec 5°C dans ma tente, je traîne un peu dans mon sac de couchage.
De l’autre côté du camp de base se trouve le point de départ du sentier W4. Deux 4×4 sont présents. Les occupants du premier ont bivouaqué là après avoir fait l’ascension hier. Je ne trouve pas qu’ils ont bonne mine et ils me souhaitent en plus bonne chance. Le Jabal Shams serait si terrible que cela ? Quant aux deux autres personnes, ils viennent d’arriver. Je les trouve lourdement chargés… Je les recroiserai sûrement en cours de route.
Je commence l’ascension du sommet avec tout le contenu de mon sac à dos et trois litres d’eau. Car d’après les gardiens de l’hôtel et ceux du camp de base du Jabal Shams, il faudrait 10 à 12 heures pour faire l’aller-retour. C’est aussi ce qu’indiquent les topos. Sachant qu’il n’y a que 10 heures de jour par jour, ça fait juste. Je vais du coup peut être me faire un bivouac sur le sommet du Hajar.
La montée rejoint rapidement le bord du Grand Canyon, le panorama est grandiose et le vide impressionnant. Je longe ce rempart naturel pendant prés de deux heures. Il n’est pas évidant de se prendre seul en photo devant se vide, alors je scrute régulièrement derrière moi pour regarder si les deux de ce matin ne seraient pas en approche. Mais je ne vois rien du tout. Pourtant, je peux voir jusqu’à quasiment le départ de la rando… Mais où sont-ils passés ?
Au bout de 3h30, j’arrive au niveau du col qui culmine à 2700 mètres d’altitude. Il offre une vue sur le wadi Sahtan. A partir d’ici, exposé au vent, il fait meilleur, je souffre moins de la chaleur.
De là, il reste une dernière ligne droite d’une heure avant d’atteindre le sommet.
Le Jabal Shams qui culminant à 3009 mètres d’altitude domine le paysage à perte de vue, un panorama à 360° sur tout le massif s’expose à moi. Je suis entouré par les wadis, les crêtes… Un paysage aride et sec ébloui par un ciel bleu. Le sommet est marqué par une table d’orientation, de quelques tags en Arabe et de quelques petits cairns. Je trouve que ceux-ci ne faisant pas honneur au plus haut point du Hajar, j’en construis donc un plus imposant, marquant ainsi la fin de ma traversée du Hajar Occidental.
Le sommet marque la fin de ma traversée du Hajar Occidental. Elle n’a pas été réalisée tout à fait entièrement et comme je l’avais prévu, mais elle reste un magnifique parcours, qui m’a ébloui tout du long.
Ayant mis finalement 4h35 pour atteindre le sommet et qu’il n’est que tout juste 14 heures, j’ai le temps de redescendre avant la nuit si je ne traîne pas. Il ne me reste plus qu’une longue, très longue descente de 1500 mètres.