Le récit

Patagonie – Parc National Lanín

Au départ de la petite ville tranquille de Junín de los Andes, nous gagnons le Parc National de Lanín en bus. Celui-ci longe la rive Nord du lac Huechulafquen et s’enfonce jusqu’à bout du lac. Il nous dépose au bord du bras qui relie les lacs Huechulafquen et Paimún. Sur le ponton qui se trouve là, une cloche permet d’appeler une barque, c’est ainsi que nous arrivons au petit camping d’Ecufue situé sur l’autre rive.

 

Jour 1 : Ecufue – Mirador Lanín – Ecufue
6h40 – 27km – +975/-975m

Nous reprenons la barque pour retourner sur l’autre rive et rejoindre en premier le poste des gardes parc de Puerto Canoa. Car il nous faut s’enregistrer avant de pouvoir faire l’ascension, enfin la balade, jusqu’au mirador de Lanín. Et c’est strict, il est interdit de monter après 11 heures et il faut redescendre impérativement avant 16 heures…

Nous entamons la grimpette en sous bois par un sentier facile et agréable. Il n’y a que très peu de monde. La plupart des personnes qui se rendent dans ce parc viennent pour s’y reposer et pêcher au bord des lacs. Par contre, le chemin est jonché de lézards colorés qui animent notre marche. Nous finissons par sortir des sous-bois et par atteindre la base du volcan Lanín. Un volcan enneigé d’une forme parfaitement conique, qui culmine à 3747 mètres d’altitude. Le panorama sur ce paysage de haute montagne volcanique est sublime.

Baignade au lac Paimún

La descente s’effectue à petites foulées, car nous sommes tombés sous tombé le charme du petit camping paisible d’Ecufue et nous nous avons hâte de le retrouver. Tenu par des Mapuches, il offre une magnifique vue sur le lac Paimún où vient se refléter le Lanín. Nous terminons la journée par une baignade dans les eaux claires du Paimún, bercés par le chant de perroquets perchés dans les arbres.

 

Jour 2 : Ecufué – Thermes Lahuen Co
7h35 – 27km – +750/-730m

Nous partons presque avec quelques regrets de quitter ce petit coin de paradis qu’est Ecufue. Le chemin grimpe derrière la maison et entre rapidement dans une forêt que nous ne quitterons pas de la journée. A l’ombre des arbres nous ne souffrons pas de la chaleur et pouvons profiter de nombreux petits points d’eau. En route, nous croisons de nombreux oiseaux, comme l’étrange Caracara Huppé, un rapace à bec orange qui balance sa tête en arrière à chaque fois qu’il croate. Ou encore le Huet Huet, un petit oiseau noir qui, la queue en l’air, sautille en faisant des pouêt-pouêts. Nous effectuons aussi un sauvetage d’un petit oiseau pris par des brindilles très collantes. Nous passons non loin d’une autre communauté de Mapuches, celle d’Aila également sur les bords du lac Paimún. Mais nous ne nous y attardons pas, la route est encore longue.

Vue sur le lac Paimún

L’après-midi passe bien moins vite, nous avons l’impression de ne pas être sur le bon chemin et de faire un détour dans cette immense forêt… Il est difficile de s’y orienter. Constamment, nous avons la sensation de ne pas être sur le bon chemin, d’avoir loupé quelque chose… Puis après plusieurs heures de marche, nous arrivons bien sur la piste qui part vers le Chili. Nous l’empruntons, dans l’autre sens, en direction des bains. Les thermes de Lahuen Co bouillonnent jusqu’à 62 degrés, ce qui est bien chaud par ce temps estival. Nous n’arrivons qu’à tremper que nos pieds ! Nous passons la nuit juste à côté, mais en ayant la mauvaise surprise de voir que la petite aire de bivouac qui se trouvait là est devenue un petit camping payant, bien moins sympathique que celui de la veille…

 

Jour 3 : Thermes Lahuen Co – Lagune Verde
3h10 – 13km – +260/-200m

Brume et bruine en guise de réveil, nous restons cloués sous la tente. Nous n’en sortons que vers midi lorsque la pluie cesse. Nous prenons vite la poudre d’escampette, car nous ne supportons plus le gérant de ce camping !

Ca souffle !

Nous marchons durant trois heures, sous un ciel bien couvert, ce qui gâche un peu le panorama sur les lacs Carilafquen, Epulafquen et aussi sur la coulée de lave que nous traversons. Mais la météo Patagonne est ainsi faite. Nous avions prévu d’aller plus loin, mais, nous optons plutôt pour une halte à la lagune Verde, en espérant que le temps soit meilleur demain. Ce camping est bien situé au bord d’une lagune, mais le vent violent et le manque de soleil, nous replient sous la tente à défaut de pouvoir profiter de sa petite plage de sable noir.

 

Jour 4 : Lagune Verde – Cabane Rincón de los Pinos
6h30 – 20km – +980/-960m

Il reste quelques nuages dans le ciel, mais il semble vouloir se découvrir. Nous démarrons la montée dans la vallée d’Escorial, presque engloutie sous la végétation. Mais rapidement, nous rejoignons la coulée volcanique, que nous avons traversée plus bas hier, issue d’une ancienne éruption du volcan Achen Ñiyeu datant du XIXème siècle. Un champ de lave coupant, ciselant, brut qui donne l’impression de n’avoir jamais connu d’érosion… Cette fois-ci, nous la remontons et pénétrons dans un paysage complètement différent des premiers jours, constitué de roches et de sables volcaniques.

En marche vers un monde volcanique !

 

Le sommet du Achen Ñiyeu à 1700 mètres

Un peu en amont du col, lorsque nous arrivons au pied du volcan, nous abandonnons nos sacs-à-dos dans un coin, et partons pour l’ascension de celui-ci. L’Achen Ñiyeu qui culmine à 1710 mètres d’altitude, est plongé dans une ambiance lunaire. C’est par un tout petit sentier de sable que nous grimpons sur ses pentes où une fois en haut, les couleurs ocre, jaune, verte… se mélangent et contrastent avec le gris et le noir de la vallée. Le panorama est magnifique à 360 degrés et s’étend jusqu’au Lanín. Nous redescendons en petites foulées dans la poudreuse de sable gris. Nous profitons encore un peu de ce paysage le temps d’une pause repas, avant de poursuivre en direction du col Putezuelo de Auquinco. Sur son autre versant, une fois que nous avons quitté la Lune, nous pénétrons dans une forêt qui se fait de plus en plus dense et qui abrite de nombreux Pehuéns. Une variété d’arbres endémiques de la région et qui serait plus vieille que les dinosaures ! Il est facilement reconnaissable à ses feuilles en forme d’écailles pointues. Nous en traversons des forêts entières et de toutes tailles, de la jeune pousse aux ancêtres qui peuvent mesurer plusieurs dizaines de mètres de haut… Après quelques petits gués, nous arrivons à la cabane de Rincón de los Pinos située à proximité de la rivière Auquinco. Un petit abri rustique, en bois, fort sympa pour passer la soirée et la nuit.

 

Jour 5 : Cabane Rincón de los Pinos – Puerto Arturo
8h45 – 30km – +750/-840m

Il fait 4°C dans la cabane, ca caille, nous aurions eu moins froid à dormir dans la tente ! Nous trainons un peu et attendons les rayons du soleil pour partir. Le sentier traverse un peu moins de forêt et un peu plus de prairie aujourd’hui. Et les quelques forêts que nous croisons sont brulées… Nous passons à deux reprises la rivière Auquinco à gué. Par cette météo, cela est toujours un moment agréable que de se rafraichir les pieds. A midi, nous faisons une bonne halte à la cabane d’Auquinco. Située au bord du lac Logog, elle est un peu plus grande, mais moins plaisante que celle de cette nuit. Par contre, le lac est quant à lui superbe, notamment avec son vieux ponton en bois qui permet de s’asseoir les pieds dans l’eau.

Le lac Lolog

Notre petit topo s’arrête là, au beau milieu de nulle part… Etrange ! C’est juste indiqué qu’il faut rejoindre Puerto Arturo pour regagner la civilisation. Nous cherchons du coup le point de départ du sentier pour la suite, mais sans vrai résultat… Nous finissons par emprunter le chemin, sans grande conviction, qui est le plus visible et qui semble, au vu des traces, être le chemin que tout le monde suit. Nous commençons par longer le lac Lolog tout en se disant qu’il y a de fortes chances de tomber sur une impasse… Cela ne manque pas… Nous tournons en rond pendant plus d’une heure et demi, traversons quatre fois la même rivière à gué, passons dans des sous bois denses et sans chemin… Pour finalement retrouver le bon sentier à seulement deux kilomètres de la cabane ! Nous comprenons pourquoi notre topo n’indiquait pas la suite du chemin, l’auteur lui-même s’était perdu !

Il commence à se faire tard et nous avons encore une bonne trotte jusqu’à Puerto Arturo et sans lieu de bivouac possible d’ici là. Nous marchons d’un bon pas sur un itinéraire qui n’arrête pas de monter et de descendre… C’est finalement à la tombée de la nuit que nous plantons la tente au bord du lac, un peu plus loin que Puerto Arturo.

 

Jour 6 : Puerto Arturo – Villa Lolog
2h00 – 9km – +80/-75m

Ce matin, nous suivons la piste le long du lac jusqu’au village de Villa Lolog, où de là nous prenons un bus pour rejoindre San Martin de los Andes. Une ville un peu plus grande et moderne que celle de notre point de départ, Junín de los Andes.

Panorama sur le lac Lolog