La Grande Route Inca
- Localisation : Centre du Pérou
- Départ : Huamachuco (3255 mètres), Pérou
- Arrivée : Yanahuanca (3320 mètres), Pérou
- Durée : 19 jours (21 jours au total depuis Lima)
- Distance : 400 kilomètres
- Dénivelé : +14500/-14900 mètres
- Altitude maxi : 4580 mètres
Juillet 2014, je pars avec un client pour trois semaines de marche en autonomie sur la Grande Route Inca. De Lima, nous commençons par un long trajet en bus le long de la côte Pacifique jusqu’à Trujillo. Puis de là, c’est en minibus que nous pénétrons dans la Cordillère des Andes pour atteindre Huamachuco. Cette petite ville marque le départ de notre trek. Nous restons une journée à Huamachuco afin que Louis s’acclimate à l’altitude. Nous en profitons pour aller découvrir les sites archéologiques aux alentours. Viracochapampa, situé à deux pas de la ville, est un ancien centre urbain, administratif et religieux construit sous l’empire Huari (de l’an 500 à 1000), puis occupé par les Incas par la suite. Aujourd’hui, il reste de ce site très étendu, essentiellement la grande esplanade centrale et des murs. Marcahuamachuco est plus à l’écart, perché sur une montagne à 3570 mètres d’altitude. Ce site, très impressionnant par sa taille et ses constructions, fut érigé par la culture Huamachuco vers l’an 400.
Huamachuco-Conchucos (4 jours)
Une fois le plein de nourriture fait, nous partons pour notre premier tronçon Huamachuco-Conchucos. Dès la sortie de la ville, nous empruntons un chemin et apercevons quelques traces du fameux chemin Inca, le Qhapaq Ñan. Il nous fait traverser une réserve de vigognes et nous conduit à la lagune Cushuro. Comme il est encore tôt, nous décidons de prolonger la journée et d’entamer le passage des « escalerillas ». Il s’agit d’une magnifique portion du Qhapaq Ñan aménagée d’escaliers, qui traverse trois cols entrecoupés de deux cirques. Durant trois jours, nous marchons à travers des pampas isolées, ne croisant que de rares fermes ou ruines, ainsi que des vigognes. Mais au détour d’un sentier, nous rencontrons John, le seul occidental que nous croiserons durant ce trek. Archéologue amateur, passionné par la Grande Route Inca, voilà des années qu’il l’arpente, chargé comme un baudet (j’aurai le temps de faire plus amplement sa connaissance quelques mois plus tard à Cusco). Au troisième soir, nous finissons l’étape à Mollepata. Un beau petit village des Andes comme tant d’autres, qui est perché au bord du vide. De plus, il possède un micro musée qui renferme des momies pré-Incas dans un état de conservation impressionnant ! Nous en profitons pour dormir dans une petite auberge sommaire et manger chez l’habitant, ça change des nouilles… Le lendemain, nous remontons une profonde vallée pour arriver à la petite ville de Conchucos.
Conchucos-Piscobamba (5 jours)
Nous voilà en route pour notre deuxième tronçon. Nous quittons Conchucos, encastrée dans un carrefour de vallée, en direction du col Pariachuco situé à 4480 mètres d’altitude, le point le plus haut de notre trek. Au soir, nous bivouaquons au pied du col, soit à 4465 mètres ! En plus de l’altitude, le cadre est invraisemblable. Nous installons notre tente dans de véritables ruines Incas, un ancien tambo. Les tambos étaient des auberges relais à l’époque Inca, afin de permettre aux voyageurs de se reposer. Nous poursuivons les jours suivants sur le Qhapaq Ñan, à des altitudes de plus de 4000 mètres, une nouvelle fois, à travers des paysages magiques. Arrivés à Sihuas, cette petite ville tristoune sans charme, n’offre pas grand-chose pour nous en dehors d’une douche chaude, un lit et des commerces pour faire le plein de provisions. C’est déjà beaucoup ! J’en profite également pour effectuer un tour au centre de soins (hôpital de campagne). Je me suis fêlé une côte il y a quelques jours et la douleur est parfois difficile à supporter avec le poids du sac à dos. Heureusement, rien de grave, quelques cachets pour faire passer la douleur me permettront de continuer la marche. J’ai juste à patienter, 2, 3, voire 4 semaines… pour me rétablir complètement. Nous quittons Sihuas en taxi pour rejoindre le village de Chullin, afin d’éviter quinze kilomètres de pistes. Le chemin nous fait reprendre de la hauteur et nous arrivons maintenant au niveau de la fameuse Cordillère Blanche. Le chemin Inca ne pénètre pas dans la cordillère, nous allons la longer durant les prochains jours jusqu’à Piscobamba. Nous marchons et bivouaquons avec en guise de panorama, ses magnifiques sommets enneigés. Elle abrite notamment le plus haut sommet du Pérou, le Nevado Huascarán culminant à 6768 mètres d’altitude. A Piscobamba, nous découvrons une charmante petite ville typique des Andes. Elle est constituée d’une belle petite place nommée Plaza de Armas, comme toutes les places principales des villes et villages du Pérou. Celle-ci est souvent fleurie, ombragée par de hauts arbres et entourée des bâtiments principaux comme l’église, la mairie…
Piscobamba-Huari (2 jours)
Après Piscobamba, il était prévu de continuer à pied et d’emprunter le pont de Pucayacu. Un pont en cordage confectionné selon la tradition Inca qui enjambe un profond canyon. Malheureusement, celui-ci n’a pas été restauré depuis plusieurs années (il doit l’être dans les prochains mois) et son état de délabrement est tel qu’il n’est plus empruntable. Nous devons effectuer un grand détour en bus, par une piste étroite, au bord du vide, jusqu’au village de Yauya. Je crois bien que c’est la route la plus dangereuse que je n’ai jamais eu à prendre… Je me demande si je n’aurais pas préféré emprunter le pont ou même ce qu’il en reste… Une fois le Qhapaq Ñan retrouvé en une journée de bus au lieu de deux à pied, nous poursuivons à travers de hautes pampas désertiques, parsemées de petites ruines, à plus de 4000 mètres d’altitude, avec toujours la Cordillère Blanche en toile de fond. Peu avant d’arriver à la ville de Huari, nous décidons de faire un détour pour découvrir les ruines de Huaritambo, un tambo Inca comme son nom l’indique. Mais ce détour nous prend plus de temps que prévu et nous atteignons la piste qui mène à la ville tardivement. Plus aucun bus ne passe à cette heure pour nous permettre de la rejoindre. Nous n’avons pas d’autre choix que de poursuivre à pied et c’est bien fatigués, à la nuit tombée, que nous arrivons à Huari.
Huari-La Unión (4 jours)
Un taxi nous conduit à Pomachaca, situé à une douzaine de kilomètres de Huari. Ce pont marque le début du trek de l’Inka Naani. Un trek de quatre jours qui emprunte l’un des plus beaux tronçons du Qhapaq Ñan. Malgré le fait que ce soit un chemin « officialisé », qui dispose de quelques panneaux d’informations, de cartes… Il connaît une fréquentation quasi nulle compte-tenu de son éloignement au centre du Pérou. Le sentier commence par une longue série d’escaliers Inca jusqu’au village de Castillo, après cela les dénivelés sont plus modérés. Le chemin Inca pavé de pierres est de toute beauté et passe par de magnifiques étendues sauvages. Des ruines se trouvent ici et là comme le Tambo Grande perdu au milieu d’une grande vallée. Durant ces jours, nous traversons des zones isolées de tout. Quelques fermes et hameaux éparpillés se trouvent le long du chemin. Ces lieux sont dépourvus de modernité, il n’y a ni route ni électricité. Le chemin Inca est le seul axe de communication pour les habitants. C’est durant la traversée des zones désertiques d’altitude, que la météo se déchaîne sur nous. Nous sommes pris dans une violente averse de grêles qui nous glace le sang. En moins de deux, la température chute vertigineusement et le paysage est recouvert d’une fine pellicule blanche. Ce soir-là, le bivouac aussi beau soit-il, est frisquet et la tente croustillante par le givre… Heureusement, nos nouilles chinoises nous réchauffent. Enfin surtout Louis qui se régale, car moi, je commence à saturer. Je n’en peux plus des nouilles ! Au bout du trek de l’Inka Naani, nous bifurquons vers La Unión. Cette petite ville nous permet de nous ressourcer (restaurant, douche chaude…) et de refaire le plein de nourriture pour la suite.
La Unión-Yanahuanca (4 jours)
Nous rejoignions les hauteurs de la ville en taxi pour visiter le site archéologique de Huánuco Pampa (ou Huánuco Viejo). Installé sur un haut plateau, ce site situé à un carrefour de plusieurs chemins Incas et à mi-parcours entre Cusco et Quito, était un important centre urbain, administratif et religieux à l’époque Inca. Aujourd’hui, les vestiges les plus impressionnants encore debout de cette ancienne cité sont son ushnu (pyramide cérémonielle à étage) et ses portes monumentales. Nous retrouvons le Qhapaq Ñan à la sortie du site où une longue journée nous attend pour atteindre Baños. Il s’agit d’un autre site archéologique, beaucoup plus petit. A une source d’eau chaude naturelle, les Incas ont construit de grands bains en pierre. Nous ne manquons pas de nous baigner dans ses bains thermaux, illuminés par les étoiles ! La suite du parcours est des plus magiques, le chemin Inca est impressionnant, très bien conservé, c’est une véritable autoroute qui se dresse face à nous sur des kilomètres à perte de vue. Puis après la Cordillère Blanche, c’est maintenant la Cordillère Huayhuash que nous longeons. Elle est tout aussi resplendissante, voire même plus (de mon avis personnel). Nous finissons notre grande traversée par la visite du tambo de Huarautambo, situé dans le village du même nom. Cette ancienne auberge Inca disposait d’un secteur royal qui se distingue par un travail de finition exceptionnel. Puis, une ultime descente nous amène à Yanahuanca, la dernière ville de notre itinéraire. De là, il nous faudra encore une journée complète de bus pour rentrer à Lima en passant par Cerro de Pasco.