Le récit
Rapa Nui – L’île de Pâques
À cheval aux pieds des Moaï
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1er jour : Mes premiers Moaï… Que le Mana soit avec toi
Aujourd’hui, c’est le 20 septembre 2005, il est 14h20, et l’avion dans lequel je me trouve vient d’atterrir sur l’île de Pâques, après un vol de 4000 kilomètres au dessus du Pacifique. Une île remplie de mystères sur laquelle je rêvais depuis bien longtemps de me rendre pour admirer les Moaï (gigantesques statues érigées en mémoire des ancêtres). Me trouvant en Amérique du Sud encore hier pour un long séjour, j’ai donc sauté sur l’occasion pour venir passer une semaine sur Rapa Nui (non original de l’île de Pâques).
Dés mon arrivée, après avoir été accueilli par Ana Rapu, chez qui je logerai lorsque je serai à Hanga Roa, chef lieu, et seul village de l’île, je me dirige rapidement vers mes premiers Moaï. Je me rends sur le site de Tahai, qui se trouve aux abords du village et qui est constitué de 3 Ahu (plateformes sur lesquelles sont alignés les Moaï), l’Ahu Taha, l’Ahu Vai Uri et l’Ahu Kote Riku où se trouve le Moaï le mieux restauré, avec ses yeux et sa Pukao (couvre chef). Il est vraiment splendide. Me retrouver nez à nez avec ces statues, datant de plus de 2000 ans et vraiment un instant magique, elles dégagent une énergie incroyable. Peut être est-ce le Mana ? Le Mana était la force spirituelle détenue par les chefs des clans de l’île à qui on érigeait une statue lorsqu’il décédait.
Par la suite, je vais me balader dans Hanga Roa, afin de repérer un peu les lieux. Chose pas très difficile, car le village n’est pas très grand, mais avec beaucoup de charme dans les maisons, la végétation et aussi dans le moyen de déplacement encore bien répandu sur l’île, le cheval. Puis je me rends dans le petit mais très intéressant musée de Rapa Nui, qui permet d’en apprendre beaucoup sur l’île, son histoire, sa culture… J’y fais la connaissance d’un Français, venant de Nouvel Calédonie, avec qui je me rends pour finir cette première journée dans une petite salle de projection où est passé le film « Rapa Nui » qui raconte l’histoire de l’île à son heure de gloire. Une façon de plus de se plonger dans l’atmosphère de l’île mystérieuse.
2ème jour : A dada sur mon bidet … A l’allure de tortue
Mon début de matinée est plutôt relaxe, il faut que je m’habitue à la vie Polynésienne. En attendant que mon cheval soit prêt, je vais m’acheter une carte (de randonnée et détaillant tout les lieux à ne pas manquer) de l’île dans l’une des nombreuses boutiques à souvenirs d’Hanga Roa. Car aujourd’hui commence mon tour de l’île, jusque là, rien d’exceptionnel. Sauf que je compte faire le tour de Rapa Nui à cheval et seul ! Sachant que le cheval et moi, ça a toujours fait deux, et que la seule fois où j’en ai fait, il plus de 10 ans de cela, j’avais détesté ! Alors, pourquoi le cheval ? Ils font partie intégrante de l’île depuis leurs importations par les premiers colons, au même titre que les Moaï. A demi-sauvages, ils sont répandus sur toute l’île et encore utilisés comme moyen de transport par les Pascuans.
Mon sac à dos bouclé avec une tente, un tapis de sol, un k-way, 5 litres d’eau (car il n’y à aucun point d’eau sur l’île) et 4 jours de vivres. L’ensemble pesant prés de 9 kg, pas très lourd pour une randonnée pédestre, mais à cheval, vue mon expérience, avoir un sac à dos si gros, je sens que la suite des événements va être assez comique. Après avoir essayé un premier cheval trop calme et avançant trop lentement, on m’en donne un deuxième plus nerveux. Mais je lutte pendant au moins une demi-heure sans avoir réussi à le contrôler… Finalement, je reprends le premier et entament mon tour de l’île de Pâques aux pas…aux pas de tortue…
Je quitte Hanga Roa par le Nord en longeant la côte, passant devant mes premiers Moaï, ceux de Tahai. Passer devant ces lieux si impressionnants sur ma monture est vraiment un moment exceptionnel. Je continue ma route, à une allure très modeste jusqu’au prochain Ahu. Mais avant cela, je m’arrête dans quelques grottes qui sont très présentes sur cette île volcanique. Parmi elles, celle de Ana Te Pahu, qui est l’une des plus grandes.
J’arrive Ahu Akivi, qui compte 7 Moaï. Elle est la seule plateforme à l’intérieure des terres à avoir été restaurée. Et ce sont les seuls Moaï qui ne font pas dos à la mer. Leurs regards sont dirigés vers le Pacifique.
Le temps n’est pas des plus beaux, pour une île de Polynésie, on n’imagine plutôt du sable blanc, des cocotiers et un gros soleil. Mais l’île de Pâques a un paysage et une végétation assez semblables aux campagnes Françaises. En cette saison, le temps est très nuageux, et en général il pleut en fin de journée. Pour l’instant j’ai droit aux gros nuages gris avec quelques éclaircies, mais j’échappe à la pluie.
De là, je quitte le sentier principal qui fait demi-tour vers Hanga Roa, pour m’orienter sur un autre où je ne croiserai personne. Ce chemin fait le tour du volcan Terevaka par le Nord. Mais avant ça, je dois descendre de Nora, mon cheval, pour lui faire prendre le bon itinéraire, car têtu comme il est, il ne pense qu’à prendre le chemin qui rentre au village. Et c’est en remontant dessus que le canasson avance de quelques pas, j’en perds l’équilibre, et emporté par le poids de mon sac, je tombe de l’autre côté, sur mon bras ! Première chute !
Je continue le chemin avec sur ma droite le volcan Terevaka et sur ma gauche le Pacifique. Une étendue bleue immense, du bleu à perte de vue. Je fixe des yeux l’océan pendant des kilomètres et des kilomètres à une allure des plus lentes. Croisant plusieurs troupeaux de vaches et de chevaux. Jusqu’à ce que je tombe au niveau du ranch de Hanga Oteo. Il est 18 heures, l’endroit me parait bien, et les propriétaires me proposent de planter ma tente dans leur pâture. Je passerai donc ma première nuit de bivouac ici.
3ème jour : Quand Dieu créa les Moaï… Make Make le créateur
Je prends la route de bonne heure, et continue sur le même sentier en direction Anakena. Seule plage de sable blanc de l’île où selon la légende, le roi Hotu Matu’A aurait débarqué vers l’an 400. J’aurais aimé faire une petite baignade dans le Pacifique, mais le temps est trop couvert pour cela. C’est vraiment un très beau site, avec une belle plage entourée de cocotiers. L’ensemble dominé par l’un des plus beaux Ahu, l’Ahu Nau Nau, constitué de 7 magnifiques Moaï dont 4 sont couvert de leurs Pukao.
Nora et moi poursuivons notre route jusqu’au prochain site de la culture, Rapa Nui. Papa Vaka regroupe une série de pétroglyphes gravés sur la roche, représentant différents dieux, comme Make Make, dieu le plus important de l’ordre religieux. Ainsi qu’un peu plus loin, le site de Te Pito constitué du Te Pito o Te Henua (le nombril du monde), un ensemble de pierres arrondies installé là par le dieu Make Make. Et également l’Ahu Te Pito Kura qui compte le Moaï le plus grand qui avait été érigé. Il fait une 9,80 de mètres de haut (coiffe comprise). Malheureusement couché sur le ventre actuellement. Comme tous les Moaï sans exception. Si actuellement, on peut admirer ces splendides statues comme elles étaient à l’heure de gloire de Rapa Nui, c’est qu’elles ont été restaurées.
Je rejoins une route goudronnée qui longe le secteur de Poike, l’un des 3 volcans à l’origine de la formation de l’île avec le Rano Kau et le Terevaka. Sur cette portion de route, et avec maintenant un peu plus de facilité à diriger Nora, j’arrive à le faire trotter, histoire d’accélérer un peu l’allure. Mais je ne le fais que sur des petites distances car je commence à avoir de grosses courbatures et des douleurs aux jambes. Je suis obligé de mettre pied à terre par moment pour les reposer un peu. Une fois longé ce volcan, je me retrouve de l’autre coté de l’île, sur sa côte Sud. Et là, au détour du chemin, je tombe sur un nouvel Ahu.
Ahu Tongariki, le plus impressionnant de l’île par sa taille, long de 150 mètres et de 4 mètres de haut. Lorsqu’on arrive au niveau de cette plateforme, elle est à couper le souffle. Ne comptant pas moins de 15 Moaï, faisant dos à l’océan, ils sont vraiment majestueux.
Un peu plus loin, je rejoins l’un des sites les plus spectaculaires, le volcan Rano Raraku servait à l’extraction des Moaï. Dans cette carrière, on compte en encore sur ses flancs prés de 400 Moaï dispersés sur le volcan à différents stades d’avancement. Certains ont simplement été taillés dans la pierre, d’autre terminés, mais non extirpés du volcan, d’autres encore ont été descendus au pied du volcan… Si l’on peut trouver autant de Moaï inachevés ou en attente de transport, cela s’explique par le fait que les habitants de Rapa Nui n’exerçaient pas toute leur vie le même métier. Chaque année une activité était attribuée à chacun, pêcheur, paysan ou ouvrier dans la carrière. En conséquence, si un ouvrier se trouvait sculpteur dans la carrière de Rano Raraku, il n’avait qu’un an pour sculpter dans la roche son Moaï et l’acheminer à un Ahu. Si au bout d’un an il n’avait pas terminé, son Moaï restait en l’état. La carrière aux Moaï est certainement le lieu le plus marquant de l’île.
Ce soir, j’établis mon campement à l’entrée de la carrière, prés d’un petit bois. L’emplacement restant important sur l’île comme cette nuit va me le démontrer. Un troupeau de chevaux semi-sauvages sortira du bois à quelques mètres de ma tente manquant de la piétiner, avec moi dedans.
4ème jour : Guerre sur Rapa Nui… Tête en balade
Après cette nuit un peu animée, je continue mon chemin en longeant la côte. Alternant entre le pas, le trot et la marche à pied, car je commence vraiment à avoir mal aux fesses. C’est que la selle n’est pas des plus confortables, et voilà maintenant trois jours que je suis assis dessus. Un peu plus loin, un petit rapace, commence à voler autour de moi, puis plonge une première fois droit sur ma tête, reprend de l’altitude, et recommence à nouveau. Plongeant de plus en plus bas, je suis obligé de me baisser à chaque fois. Est-ce qu’il essayerait de me piquer mon chapeau ? En tout cas, cela commence un peu à m’énerver de faire des flexions… A l’un de ses plongeons, je prends mon chapeau à la main et agite les bras dans tous les sens tout en sautant. Effrayé, il s’en va !
A nouveau, je m’arrête sur un site, l’Ahu Aka Hanga, qui est une plateforme non restaurée. Elle est restée en l’état depuis les guerres tribales. Où à cette époque les tribus décapitaient les Moaï de leurs rivaux en les faisant tomber sur le ventre tout en prenant soins de placer un muret devant la statue afin qu’elle perde sa tête en tombant.
Egalement resté en état, l’Ahu Vaihu, qui compte 8 magnifiques Moaï couchés sur le ventre avec leurs Pukao tombés de leurs têtes lors de la chute et qui ont roulé sur quelques mètres. Par contre ces Moaï ont eu la chance de garder leurs têtes sur leurs épaules.
Cette nuit, j’ai manqué d’être piétiné par un troupeau de chevaux, tout à l’heure, j’ai été attaqué par un petit rapace et maintenant, c’est Nora qui s’y met. Jusqu’à aujourd’hui, il n’avait jamais été effrayé par un véhicule, mais là, lors du passage d’un gros engin de chantier faisant beaucoup de bruit, il panique. Commence à s’agiter et à tourner dans tous les sens, j’en perds mon équilibre et glisse sur le côté… Ouf, je me rattrape et tombe sur mes deux pieds ! Je ne suis pas passé loin de la chute. Cela m’arrive juste quand je me disais, qu’enfin j’arrivais à le contrôler. Maintenant j’arrive à le faire avancer à une allure correcte et à le faire trotter simplement en produisant un son avec ma bouche.
Rapa Nui compte deux carrières, celle du volcan Rano Raraku pour la taille des Moaï, et celle de volcan Puna Pau pour la conception des Pukao. Ils coiffaient la tête des Moaï et étaient réalisés en scorie rouge. Ici encore, dans cette carrière, on peut observer quelques Pukao laissés à l’abandon et qui n’ont pas trouvé de statues.
Comme un jeu de piste, je remonte sur Nora, pour une longue route jusqu’à ma prochaine étape. Je contourne le petite aéroport (Qui n’est pas si petit que ça, car financé par la Nasa, il peu recevoir une navette spatiale. Et recevait, il y a encore peu, le Concorde lors des ses vols autour du monde), pour me rendre dans la région du volcan Ranu Kau, le troisième volcan à l’origine de la formation de l’île.
Ma halte me conduit cette fois devant l’Ahu Vinapu, une plateforme où les gros blocs de pierre sont parfaitement ajustés. C’est le seul endroit où la construction est aussi parfaite. Je pourrais planter ma tente dans le secteur, le coin est pas mal, mais il est encore tôt et il y a un grand soleil aujourd’hui, dommage qu’il n’a pas fait ce temps hier lorsque j’étais sur la plage d’Anakena.
Je continue donc ma route en direction du village d’Orongo se trouvant au sommet du volcan Rano Raraku. La route passe devant un mini Moaï ne mesurant pas beaucoup plus d’un mètre. Je voulais y installer mon bivouac à proximité, mais un militaire me demande de me mettre un peu plus loin et m’indique un endroit en dehors de la route principale. Etant sur le flanc du volcan, la hauteur me permet de m’offrir une magnifique vue sur l’ensemble de l’île. Le bivouac de ce soir me donne vraiment un très beau panorama et je passerai la soirée à le contempler.
5ème jour : Œuf à Pâques… Homme-Oiseau tu seras
J’arrive rapidement en haut du volcan, où je longe le cratère de 1,6 kilomètre de diamètre, qui renferme un lac. J’attache Nora à l’entrée du village d’Orongo, Cet ancien village est constitué d’une trentaine de maisons bateau. Maison que j’ai déjà pu observer sur d’autres sites, mais celles ci, sont vraiment bien conservées. Orongo a été construit en bord de la falaise, face aux îlots Motu Nui et Motu Iti, là où avait lieu la cérémonie de l’Homme-Oiseau qui avait pour but d’élire le leader de l’île. Le site rassemble aussi le plus grands nombres de pétroglyphes de l’île, comme celui du dieu Make Make, ou de l’Homme-Oiseau. Je reste un bon moment à parcourir le village, qui est vraiment magnifique et m’imagine, en regardant les îlots, ce à quoi pouvait ressembler cette compétition.
Je redescends du volcan en direction de Hanga Roa, en passant par un autre chemin, un petit sentier de randonnée traversant une petite forêt. Mais une fois en bas, juste au moment de rejoindre la route, je me rends compte que cela n’était pas une si bonne idée que ça ! Le chemin est fermé par un tourniqué… J’essaie d’y faire passer Nora, bien sur il panique, mais finalement, le franchira.
Je longe la côte sous la pluie… Mais je ne vais pas me plaindre, en cette saison, il devrait pleuvoir tous les jours en fin de journée, là ceux sont mes premières gouttes. Je fais donc une petite halte dans la grotte Ana Kai Tangata, pour m’en protéger et je jette un coup d’œil sur les peintures d’oiseaux que renferme cette caverne.
Puis pour midi, je vais me pauser dans le port de Hanga Piko, se trouvant au Sud de Hanga Roa. Je m’installe sur la grande pelouse devant l’Ahu Riara qui est le dernier Moaï à avoir été restauré à la fin des années 1990. Le soleil étant revenu, je prends mon temps, et en profite pour me relaxer un peu, après ces 4 jours de cheval. Avant de ramener Nora dans son parc, je retourne dans le secteur de Tahai, au Nord du village, afin de contempler de nouveau l’Ahu Kote Riku, qui est vraiment sublime et sans nul doute, pour moi, le plus beau Moaï restauré de Rapa Nui. J’y reste un long moment allongé devant le Moaï et à faire tout une série de photos.
Une fois redevenu piéton, et avec un soleil présent, je me dis que c’est peut être ma dernière occasion de me baigner dans le Pacifique. Et ce n’est pas demain la veille que je serai de retour en Polynésie, car même si l’île de Pâques n’est pas une île au milieu du corail, elle fait bien partie de la Polynésie. Je me rends donc sur la minuscule plage que compte Hanga Roa, une bande de sable d’une dizaine de mètres de large. J’y fais une petite brasse et un petit bain de soleil.
Au soir, je me rends à un restaurant situé sur le deuxième port de Hanga Roa, « La Taverne du Pêcheur », tenu par un Français. La pancarte à l’extérieure affiche un Obélix portant un Moaï dans son dos, rien que cela m’éclate. Je passe la soirée à discuter avec le propriétaire et apprendrai pas mal de choses sur l’île. Et il me sortira les jours suivant d’un sale pétrin, car n’ayant plus de liquide, l’unique distributeur de billets n’acceptant pas les cartes Visa et la banque ayant refusé ma demande de retrait après vérification de mon compte (je n’ai pas compris pourquoi). Je me suis retrouvé sans un sous. Je lui ferai donc un paiement par carte de 200 $ et je récupérai l’argent en liquide.
6ème jour : Au sommet de Rapa Nui… Record d’altitude
Aujourd’hui, reviennent à la surface quelques besoins indéniables chez moi, j’ai besoin de marcher, besoin de grimper… Un besoin d’altitude. Après avoir passé 4 jours au niveau de la mer, je compte me rendre sur le volcan Terevaka , point le plus haut, culminant à 511 mètres. Avec ça, je crois bien que je vais battre mon record d’altitude comme mon sommet le plus petit ! Je pars de Hanga Roa à pied en passant par des petits chemins et coupant a travers champs. Là encore plus que les jours précédant, je me rends compte à quel point l’île à un paysage typiquement des campagnes Françaises, même les vaches sont présentes. Je mets prés de 2 heures pour rejoindre le pied du volcan, au niveau de l’Ahu Akivi. De là, ayant un peu perdu la trace du chemin, je monte en ligne droite en direction du sommet.
Une fois en haut, après une petite montée d’une heure, le point de vue offre un beau panorama sur toute l’île et sur le Pacifique. N’ayant aucun obstacle visuel, on peut voir la ligne d’horizon formée entre l’océan et le ciel sur des kilomètres à la ronde. Cela m’angoisserait presque, ce si petit bout de terre perdu dans cette immensité d’eau, j’en ressens comme une sensation de claustrophobie. L’eau représentant la cage dans la quel je serais enfermé. Je me rends compte qu’il ne serait pas concevable pour moi de vivre sur une île, même une île de sable blanc et de cocotiers au milieu de la Polynésie.
Il me faut compter le même temps, soit 3 heures, pour rejoindre Hanga Roa, en passant par un autre chemin. Celui me fait passer devant le Moaï Huri A Urenga qui détient une petite particularité, car il compte 4 mains. D’autres Moaï ont des particularités, comme le Tuku Turi situé dans la carrière, qui lui possède des jambes et des fesses et est en position agenouillée. Où encore les Moaï féminins, elles sont une petite dizaine sur l’île, dont quatre sont encore dans la carrière.
Je passerai la soirée à me balader dans Hanga Roa et sur le récif aux abords du village.
7ème jour : Un deuxième tour… En stop
Ce matin je voulais louer un quatre-quatre ou un quad pour me faire un deuxième tour de l’île, afin de revoir une nouvelle fois les plus beaux sites de Rapa Nui. Mais n’ayant pas mon permis de conduire avec moi, tout ce qu’on veut bien me louer, c’est un vélo. Je prends donc un taxi pour me conduire au point le plus loin, sur la page d’Anakena. En me disant que j’arriverai bien à me faire ramener en stop. Je traverse donc en voiture toute l’île par la route centrale passant par des bois et des prairies.
Je reste un moment allongé sur la plage de sable blanc, dominée par les magnifiques Moaï de l’Ahu Nau Nau. Que je mitraille une nouvelle fois avec mon appareil photos. J’attends que le soleil veuille bien se montrer, afin que je puisse faire une petite plongée dans l’océan. Mais malheureusement une fois encore, je n’y ai pas droit, seulement une petite éclaircie passagère qui me permet de prendre un bain de pieds, avant la pluie. Je me réfugie à l’abri le temps que cela passe. Puis je continue ma route à pied jusqu’au niveau du carrefour en amont de la plage. De là j’attends qu’une voiture passe pour tenter l’auto-stop.
Je suis pris par la première qui passe, conduite par un couple de Japonais en vacances avec leur petite fille, ils travaillent à l’ambassade du Japon sur le continent, à Santiago. Sympathiques, après différentes haltes, je les quitte de l’autre côté de l’île devant les 15 Moaï de l’Ahu Tongariki. En échange, pendant les haltes, je leurs ai indiqué différents petits sites très beaux, pas toujours indiqués sur les cartes, et que j’avais pu remarquer grâce à mon allure plutôt lente lors de mon premier tour.
Ca beau être la deuxième fois que je les vois, ils restent tout autant impressionnant, je me sens tout petit à côté d’eux. Puis je rejoins à pieds la carrière du volcan Rano Raraku. Je refais tout le tour du site et remonte jusqu’au sommet du volcan. Pour le retour à Hanga Roa, je serai pris en stop par une Chilienne en vacances sur l’île pour la sixième fois, avec sa petite fille.
Au soir, je reste un long moment sur le port du village, j’attends la fin de journée, afin de faire une belle photo d’un coucher de soleil derrière le Moaï de l’Ahu Tautira.
8ème jour : Des éternelles Moaï… Au mini Moaï
Je commence la journée par un passage à la poste pour envoyer quelques cartes postales et pour y faire tamponner mon passeport de 3 Moaï. Puis, je passe une bonne partie de ma matinée à me balader dans le marché artisanal d’Hanga Roa, où je dépense une somme folle pour repartir avec mon petit Moaï d’une vingtaine de centimètres. Le même que celui de l’Ahu Kote Riku, de Tahai. Dépassant les 6 mètres de hauteur, coiffé de sa Pukao, faisant dos au Pacifique pour fixer de ses grands yeux les habitants de Rapa Nui afin d’assurer leur protection. Sur Rapa Nui les ancêtres sont toujours présents…
13h20, mon avion décolle, je quitte l’île de Pâques après en avoir pris plein la vue, et avec le sentiment d’en avoir appris beaucoup sur son histoire et ses traditions, mais elle a su garder une grande part de mystère qui ne cessera d’émerveiller tout ceux qui s’y rendront…