Le récit
Cape Wrath Trail – Traversée des Hihglands
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En kilts, nous nous sommes lancés sur le Cape Wrath Trail, une randonnée longue distance, qui au départ de Fort William rejoint le cap Wrath à travers les régions les plus sauvages d’Écosse. Une randonnée dans les Hautes Terres qui a été plus sportive que prévu. Une météo pas toujours favorable, des chemins marécageux, un nombre de jours limités… nous ont retardés et fatigués. Heureusement, les nombreux bothys présents tout au long de l’itinéraire nous ont permis de nous reposer et de passer d’agréables soirées. La grandeur sauvage des Highlands a fait le reste !
Jour 0 – 18 juin : Glenfinnan
1,50km | 0h25 | +60/-100m
Nous avons quitté la France ce matin avec un vol pour Glasgow. Nous profitons d’avoir deux heures de battement avant le départ du train à destination de Glenfinnan, pour nous procurer une bouteille de gaz, du spray anti-midge, des allume-feux et une jupe-kilt pour Célia. Moi, j’ai déjà mon kilt de 2009. La route en train à travers les Highlands nous met déjà dans l’ambiance sauvage qui nous attend. Les gares sont nombreuses en chemin, mais à chaque arrêt, nous ne voyons ni ville, ni village, elles desservent presque toujours des hameaux perdus. La petite gare de Glenfinnan où nous descendons ne fait pas exception. Il est 22h45 et nous voilà au départ de notre trek.
Dans la pénombre de la nuit, nous effectuons notre premier kilomètre pour atteindre le viaduc de Glenfinnan. Nous repérons un petit replat au pied de celui-ci et y installons notre campement, une tente ultralégère en moustiquaire. Elle n’offre pas beaucoup d’espace et ne protège que peu des intempéries (pluie et vent), ce qui peut paraître comme un mauvais choix pour l’Écosse. Mais nous n’avons prévu que très peu de bivouac, nous comptons dormir dans les bothys, des petites refuges sommaires répartis à travers tout le pays. Pour l’heure, à peine avons-nous commencé à sortir nos affaires des sacs à dos, que nous sommes envahis par les midges, ces petits moucherons à la morsure terrible… C’est le branle-bas de combat pour terminer rapidement le montage de la tente et s’y réfugier !
Jour 1 – 19 juin : Glenfinnan – A’Chuil Bothy
20,90km | 5h50 | +650/-530m
Nous sommes réveillés à 4h00 du matin par la luminosité et le chant des oiseaux. À cette latitude, les journées sont longues, le soleil se couche tard et se lève tôt. Nous ne prenons le départ qu’à 7h30, rapidement, sans petit déjeuner, pour fuir les midges… Nous préférons aller nous poser 4 kilomètres plus loin, au Corryhully Bothy, le premier abri de notre parcours. Il est petit et rudimentaire, un groupe y a passé la nuit, ils sont encore là. L’ambiance est chaleureuse. Après l’attaque de midges d’hier soir et la météo tristoune de ce matin, nous comprenons vite que les bothys seront très appréciables tout au long du trek.
Après avoir cassé la croûte, nous reprenons le chemin en direction de notre premier col qui culmine à 470 mètres. L’altitude moyenne des cols que nous aurons à franchir sur le Cape Wrath Trail. Le plus haut atteindra à peine les 750 mètres. Une altitude peu élevée qui peut paraître dérisoire, surtout pour nous qui venons de passer trois ans dans les Andes. Mais entre chacun, le chemin redescend à chaque fois jusqu’à atteindre le niveau de la mer. Ce qui finit par faire de bons dénivelés cumulés en fin de journée.
Le vent souffle au col, le temps est humide et le sol bien trempé. Dans la vallée, au détour d’un petit bois, c’est une vraie piscine, nous avons les pieds mouillés dès le premier jour ! Le terrain est incroyablement spongieux, nous ne pouvons rien faire d’autre que marcher les pieds dans l’eau. Mais le passage de « red deer », des cerfs, détourne notre attention et nous fait oublier ces petits soucis.
En début d’après-midi, nous atteignons le A’Chuil Bothy, notre étape du jour. Comme il est l’un des rares abris à être situé à proximité d’un bois, nous en profitons pour faire un feu de cheminée afin de nous sécher et nous réchauffer. C’est une petite maison toute en pierres, constituée de deux pièces avec de grands coffres en bois qui font office de lit. Sans colocataire, nous profitons seuls de son confort sommaire.
Jour 2 – 20 juin : A’Chuil Bothy – Barrisdale Bothy
30,00km | 10h00 | +940/-1 075m
Le ciel est toujours morose ce matin… Heureusement, le sentier de ce début de matinée, le long de la rivière Dessarry, est très sympathique et un peu plus loin, ce sont des lochans, des petits lacs, qui se dégagent dans la brume, donnant une atmosphère typiquement écossaise. Après un passage de gué, une petite erreur de navigation et une rencontre avec un groupe de randonneur… nous découvrons au passage d’un petit col qui culmine à seulement 315 mètres d’altitude, une splendide vue sur la baie du Loch Nevis où le vert du glen (vallée), contraste avec le bleu du loch (lac). Au bord du lac, nous profitons du Sourlies Bothy pour nous poser le temps de manger un morceau. Nous commençons à mieux comprendre la légende de la carte : un trait d’union épais signifie un beau chemin, généralement sec ; un trait d’union, un sentier marqué, mais qui peut être bien humide suivant la météo ; et des pointillés, du hors-piste parfois bien galère. D’après la carte, nous avons après le refuge, une grande baie à traverser, un kilomètre de pointillés. Vu l’état du sol toujours autant gorgé d’eau, nous nous attendons à nous retrouver avec les pieds bien trempés.
Par chance, nous trouvons une bonne trajectoire et la traversée s’effectue au sec. Nous franchissons la baie aisément jusqu’aux petites ruines de Carnoch. S’en suit une longue remontée de vallée le long de la rivière Carnach. Pour la partie finale, la carte indique un passage et la trace GPS que nous avons, un autre. Comme nous n’arrivons pas avoir de visibilité sur le passage qu’indique le GPS, caché par de petites parois rocheuses, nous décidons d’emprunter l’itinéraire de la carte, qui semble plus long, mais plus facile à suivre. D’autant plus que la trace GPS nous a joué un mauvais tour hier (passage de la piscine). Nous nous enfonçons jusqu’au fond du glen et là, plus rien, il n’y a plus de sentier. Nous devons rattraper un autre sentier qui se trouve 130 mètres plus haut. Nous cherchons un passage et grimpons tout droit dans une pente raide pour l’atteindre.
Depuis le début, nous perdons beaucoup de temps dans les ascensions de col par rapport à ce que nous avions estimé. Entre les parties en hors-pistes, les sentiers marécageux, glissants, boueux… tout cela nous ralentis et nous épuise… Nous disposons d’un nombre de jours limité pour atteindre le cap Wrath. Aussi, nous ne pouvons pas nous permettre de prendre trop de retard.
Lorsque nous atteignons le col, nous découvrons comme au matin un panorama grandiose, cette fois sur la baie Barrisdale du Loch Hourn qui se dégage au loin. La descente s’effectue rapidement, nous avons hâte de rejoindre le Barrisdale Bothy. Nous l’atteignons vers 19h00, après dix heures de marche, bien plus que ce que nous avions prévu. Ce qui est inquiétant, c’est qu’aujourd’hui était une journée moyenne, comment vont se dérouler les grosses étapes ? Nous verrons bien… Pour l’instant, nous découvrons un refuge (payant 3 £/pers.) qui dispose d’un vrai dortoir, mais également de l’électricité et de l’eau courante, ce qui nous permet de faire un brin de toilette. Trois, quatre personnes passent également la nuit ici, arrivées en bateau, ils comptent passer quelques jours dans le coin.
Jour 3 – 21 juin : Barrisdale Bothy – Shiel Bridge (Kintail)
32,60km | 10h05 | +1 320/-1 320m
Comme depuis le début, nous débordons sur nos temps de marche et que nous ne souhaitons pas arriver tard à Shiel Bridge, nous optons pour un départ plus matinal, à 6h00. Le Cape Wrath Trail commence par longer le Loch Hourn sur près de 10 kilomètres. Un beau sentier jalonne ce fjord (le mot « loch » peut désigner aussi bien un lac qu’un fjord), tantôt sur les hauteurs, tantôt au bord de l’eau, l’occasion d’apercevoir des dizaines de méduses. À son extrémité, au hameau de Kinloch Hourn, nous faisons une halte au Tea Room. Le ciel ne quittant pas sa morosité, il nous incite à aller profiter d’une tasse de thé et d’une part de cake. Le sentier s’élève sèchement au-dessus du Loch Hourn pour atteindre une petite hauteur. Deux, trois rayons de soleil font alors leur apparition (pas plus), laissant transparaître le magnifique jeu de lumières qu’offre l’Écosse. Mais lorsque nous apercevons un cabanon autour de midi, nous n’hésitons pas pour autant et nous en profitons pour déjeuner à l’abri. Une averse tombe. La pluie terminée, nous reprenons la route. Même si nous avons mauvais temps et que le sol est souvent détrempé, nous n’avons heureusement subi que très peu la pluie jusqu’à présent.
Le sentier remonte une longue et belle vallée verdoyante en direction du prochain col. Avec ses 740 mètres d’altitude, il est le point culminant du trek. Le panorama qu’il offre sur la Glen Croire Mhàlagain est splendide, dominée par des sommets atteignant les 1000 mètres d’altitude. Nous avons juste le temps de faire une photo avant qu’une tempête s’abatte sur nous, le vent violent, la grêle, nous obligent à nous réfugier en boule derrière un rocher… Cette nouvelle averse passée, nous continuons sur le chemin de crête et rejoignons la Glen Croire Caol. Une vallée qui conduit au fjord Loch Duich. Après trois jours de marche, Célia commence à avoir une douleur au talon. Chaussures neuves et bien rigides, sur un terrain boueux qui nous colle les pieds au sol, c’était presque inévitable…
A Shiel Bridge, il y a un camping, une station essence, une épicerie et quelques maisons dispersées. Nous faisons le plein de provisions pour les trois prochains jours. L’épicerie est petite, mais elle dispose de tout ce qu’il faut pour les randonneurs et le gérant est fort sympa. Nouilles chinoises, pâtes, thons, céréales, barres chocolatées… des cartes, du gaz et de l’anti-midge. Nous longeons la route sur un kilomètre pour atteindre le prochain hameau, celui de Kintail, situé au bord du Loch Duich. Nous avons réservé une chambre au bunkhouse (auberge réservée aux randonneurs) du Kintail Lodge. Ce soir, pas de planche de bois en guise de lit et une douche chaude nous attend, nous allons pouvoir nous ressourcer pour la suite. Nous passons la soirée au pub de l’hôtel où nous commandons un bon repas et une bière locale ! Au restaurant, nous repérons quelques randonneurs, qui semblent, par leur équipement, également marcher sur le Cape Wrath Trail.
Jour 4 – 22 juin : Shiel Bridge – Maol Bhuidhe Bothy
27,90km | 8h45 | +1 050/-835m
Nous continuons ce matin à traverser les hameaux situés le long du fjord en empruntant des petites routes de campagne. Même s’il pleut, le chemin est plus facile, il n’est pas inondé comme les jours précédents. Nous remontons la Glen Bealach na Sroine par un sentier en balcon. La vallée est superbe, verdoyante et découpée par des lits de ruisseaux qui s’écoulent en petites cascades. Nous basculons dans la Glen Glomach, l’ambiance y est sauvage, isolée de tout. Le passage le long de l’impressionnante cascade de Glomach est lui un peu délicat. Un étroit sentier au bord du vide où il faut parfois s’aider de ses mains pour franchir les rochers.
Au Loch na Leitreach, nous profitons d’une éclaircie pour s’asseoir au bord du lac et manger, en compagnie des moutons. L’endroit est désert. Deux lodges privés sont installés dans la vallée, mais ils ne semblent pas être occupés en ce moment. Par contre, nous apercevons plusieurs cerfs, comme quasiment tous les jours. À l’inverse, comme tous les jours, nous ne croisons quasiment aucun randonneurs. Les Highlands sont vraiment des montagnes sauvages !
La montée vers le second col du jour est douce et dans la descente, nous évitons à trois reprises à avoir à déchausser pour traverser la rivière, le chemin alternant d’une rive à l’autre. À chaque fois, nous arrivons à sauter de pierres en pierres pour passer. Mais nous n’échappons pas au quatrième gué, situé juste devant le Maol Bhuidhe Bothy. Le débit est trop important, nous devons mettre les pieds dans l’eau. Heureusement le ciel se dégage et il fait grand beau pour la première fois depuis notre départ. L’occasion de faire une sieste au soleil. Nous passerons même toute la soirée dehors. Ca requinque ! Nous ne sommes pas seuls à profiter de ce refuge, d’autres randonneurs arrivent un peu plus tard, dont ceux que nous avions croisés au pub du Kintail Lodge.
Jour 5 – 23 juin : Maol Bhuidhe Bothy – Coire Fionnaraich Bothy
29,20km | 7h40 | +660/-750m
Nous continuons à nous lever à 5h00 et nous sommes, de fait, les premiers à partir ce matin, en compagnie du soleil. Dès la sortie de l’abri, il faut franchir un nouveau gué. C’est fou, ce bothy est encerclé de rivières ! Nous contournons le mont Beinn Dronaig en passant par le Loch Calavie et rejoignons ainsi le Bendronaig Bothy. Nous y faisons une petite halte par curiosité et nous y croisons plusieurs randonneurs qui y ont passé la nuit.
Deux itinéraires s’offrent à nous pour la suite afin de rejoindre le village de Kinlochewe à deux jours de marche d’ici. La variante qui passe par le hameau de Craig est un peu plus courte, plus rapide et plus facile. Mais nous optons pour la variante qui passe par celui de Strathcarron, car d’après la carte, elle navigue au milieu de beaux massifs. Nous poursuivons sur une large piste sans trop se soucier de l’itinéraire, perdu dans nos pensées. Quand d’un coup, je m’aperçois au GPS que nous avons loupé une bifurcation. Heureusement, elle n’est qu’à un kilomètre derrière nous. Rien ne l’indiquait, même pas une trace d’un début de sentier… Il n’y a aucun balisage sur cette randonnée. Le Cape Wrath Trail est un trek sauvage, il est comme une ligne imaginaire qui rejoint le cap Colère en empruntant tantôt des sentiers, des chemins ou des pistes, tantôt en passant en hors-sentier à travers les tourbières, les cols, les rivières…
A midi, nous arrivons à la petite gare de Strathcarron qui marque le milieu du Cape Wrath Trail. Nous mangeons face à la gare, sur un banc au soleil, avant de nous diriger vers le pub pour prendre un désert. Confortablement installés dans un canapé, nous dégustons une part de cake accompagnée d’une tasse de thé. L’après-midi se déroule tranquillement le long de la rivière Carron, puis en remontant une belle petite vallée. Il fait beau et nous marchons enfin en tee-shirt, et bien sûr en kilt ! Au Coire Fionnaraich Bothy, un sympathique petit refuge, nous retrouvons un randonneur allemand qui était au même abri la nuit dernière. Nous profitons de la soirée, du soleil et nous fêtons l’anniversaire de Célia avec des bonbons Haribo !
Jour 6 – 24 juin : Coire Fionnaraich Bothy – Kinlochewe
33,30km | 10h10 | +1 170/-1 365m
Une longue journée nous attend. Déjà par la distance, mais aussi par le fait qu’une bonne partie de la journée va s’effectuer en hors-piste. Et pour finir, nous devons nous ravitailler à l’épicerie de Kinlochewe. Les magasins écossais ayant tendance à fermer de bonne heure, nous ne devons pas traîner. À 6h00 pétante, nous entamons la marche. Malgré le chemin trempé, voire parfois inondé, nous gardons un bon rythme. Une fois passé le col culminant à 549 mètres d’altitude, un beau panorama sur les massifs de Liathach et Beinn Eighe apparaît. Ils sont imposants, comme la carte le laisse supposer, nous ne regrettons pas d’avoir choisi cette variante plus longue. Durant la descente, nous pouvons même apercevoir, au loin, le grand fjord du Loch Torridon.
A midi, nous passons la route qui traverse la Glen Torridon. Nous sommes dans les temps que nous nous sommes fixés. Au départ du sentier suivant, il y a un petit parking où deux, trois voitures stationnent et nous apercevons quelques randonneurs. Le coin est plus fréquenté, mais on ne peut toujours pas dire qu’il y a foule dans ces montagnes. Nous remontons une belle vallée encaissée entre les massifs de Liathach et Beinn Eighe, qui dépassent légèrement les 1 000 mètres d’altitude. Arrivés au col, nous débouchons sur un immense plateau où sont parsemés de nombreux petits lacs. Encastré à un carrefour de vallée, il semble inaccessible, une terre encore vierge. Nous continuons à prendre de la hauteur pour pénétrer dans le Beinn Eighe et rejoindre le Loch Coire Mhic Fhearchair. Un lac d’altitude qui est dominé par le sommet Ruadh-stac Mòr culminant à 1 010 mètres. Le temps semble tourner, mais nous espérons qu’il va continuer à être de notre côté. Car maintenant, nous allons entamer les 7 kilomètres de no man’s land ! Ce qui veut dire, qu’il n’y aura ni chemin, ni sentier jusqu’au prochain col. Il nous faut perdre un peu de dénivelé, puis faire un grand arc de cercle en suivant le pied du massif. Ça semble simple sur la carte… mais le terrain est chaotique, les herbes hautes… heureusement, il n’y a pas de marécage et il ne pleut pas. Il faut sans cesse chercher la meilleure trajectoire, monter, descendre, vérifier son cap… Nous avançons bien mais le passage semble interminable. Après presque trois heures depuis le lac, nous arrivons au bout de la vallée. Il ne nous reste plus qu’une rivière à franchir et à passer un petit col juste au-dessus. D’un coup l’orage se met à gronder et le ciel prend la couleur des ténèbres…
Par chance, nous échappons au pire, l’orage ne fait que nous frôler, et à 16h15 nous atteignons le col où un sentier reprend. Il nous faut maintenant parcourir les 5 kilomètres de descente dans l’heure, si nous voulons être sûr de trouver une épicerie ouverte.
Nous arrivons au village de Kinlochewe pour 17h25. Ouf, l’épicerie de la station essence est encore ouverte. Nous regardons par la fenêtre, mais elle ne semble pas avoir grand-chose. Ca va être très difficile de se ravitailler… Comme elle ne ferme que dans une demi-heure, nous avons le temps d’aller voir si l’épicerie du centre est plus fournie. Nous y arrivons deux minutes avant la fermeture ! Elle a tout ce qu’il faut. La gérante nous presse un peu, gentiment, et nous faisons des courses en express pour acheter cinq jours de provisions. Heureusement que nous avions fait une liste de ce dont nous avions besoin… Le magasin ne re-ouvre que demain à 9h00 !
Nous nous rendons ensuite au bunkhouse du Kinlochewe Hotel. Contrairement à celui de Kintaill où nous avions notre propre chambre, ce bunkhouse est constitué d’un unique et grand dortoir de 12 lits. Après cette grosse journée, nous n’avons qu’une hâte, c’est de nous poser et d’aller manger. Mais avant de pouvoir profiter du pub, il nous faut encore nous doucher, laver nos vêtements, s’occuper des batteries, trier et se répartir la nourriture… Au pub, nous retrouvons l’Allemand, accompagné d’un Anglais que nous avions déjà croisé et qui à opté par la variante via Craig. Étonnés de le trouver déjà là, nous lui demandons par quelle magie est-il arrivé là ? Nous sommes partis les premiers ce matin et nous ne l’avons pas vu de la journée. Réponse : il a fait du stop au passage de la route dans la Glen Torridon, lorsqu’il a vu le temps changer. Nous nous disons que nous sommes les seuls sur ce Cape Wrath Trail a enchaîner des journées aussi folles !
Jour 7 – 25 juin : Kinlochewe – Shenavall Bothy
29,70km | 7h45 | +730/-640m
Nous partons pour une étape moins physique que le veille. Elle débute par une longue remontée de vallée dans la Gleann na Muice, ce qui nous convient parfaitement. Cela permet de reposer un peu nos jambes de la journée d’hier. Au bord du Lochan Fada, un cri puissant et perçant se fait entendre. Il semble venir de l’autre rive… Ou peut-être du lac lui-même… Mais nous ne voyons rien et nous sommes incapables de l’identifier. Serait-ce le cousin de Nessie, le monstre du Loch Ness ? Ces lacs sont tellement grands, tellement intrigants, que l’on comprend que des légendes puissent naître facilement dans leurs eaux profondes. Nous nous posons sur les hauteurs du loch pour déjeuner. Notre compatriote de marche, l’allemand nous rattrape alors et passe devant. Nous l’observons monter en direction du col en suivant le sentier. Puis il s’arrête, cherche son chemin, zig-zag… et finit par effectuer une longue transversale pour aller rejoindre un autre point de passage. Intrigués, nous sortons la carte. Effectivement, il aurait fallu prendre un cap légèrement différent. Nous décidons de garder notre trajectoire, cela nous fait passer par un autre col, certes, plus haut, mais qui semble plus intéressant. Une fois atteint, nous ne regrettons pas notre choix, nous sommes sur une belle hauteur et la vue est splendide.
Après le Loch an Nid, la vallée s’élargie un peu et il n’y a quasiment plus de dénivelé. Ce glen est magnifique, il ne ressemble pas du tout à ceux que nous avons déjà traversés. Aujourd’hui, c’est samedi et cela se voit, nous croisons d’autres randonneurs, contrairement aux autres jours. La fréquentation reste faible tout de même, nous restons dans une ambiance sauvage. Au Shenavall Bothy, nous retrouvons notre Allemand et un groupe de VTTistes qui occupe le refuge depuis la veille. Ils se sont installés comme chez eux et occupent tout l’espace du refuge… Nous prenons place dans le dortoir à l’étage et profitons de la belle soirée sous un soleil éblouissant.
Jour 8 – 26 juin : Shenavall Bothy – Knockdamph Bothy
42,00km | 12h05 | +1 460/-1 345m
Comme nos jours de marche sont comptés, nous avions prévu de gagner une journée sur les étapes habituelles pour atteindre le cap Wrath dans le temps imparti. Ce matin, nous nous lançons pour notre plus longue étape, nous aimerions atteindre le Knockdamph Bothy. Pour cela, nous allons devoir parcourir 42 kilomètres, franchir 3 cols et traverser un nouveau no man’s land, comme il y a deux jours. C’est notre plus grosse incertitude… Première bonne nouvelle, le ciel est avec nous, il faut grand beau, nous partons confiants !
Nous saluons l’Allemand et l’Anglais, qui optent par la variante via Ullappol, seule ville située sur la Cape Wrath Trail, et prenons la route. La matinée se déroule tranquillement, nous profitons du soleil, gardons notre rythme sans nous presser et faisons des haltes régulières. Nous avons tout notre temps, le soleil ne se couche pas avant 22h00. Ce qui compte, c’est d’atteindre Knockdamph ce soir. Nous admirons les grands espaces sauvages qui s’étendent face à nous, contemplons les vaches poilues et les chardons… un condensé de la nature écossaise. La période de mauvais temps des premiers jours semble terminée. Cela nous redonne du tonus pour la suite. À la mi-journée, nous avons déjà parcouru 20 kilomètres. Nous nous posons sur un muret de pierres au hameau d’Inverlael, le temps de grignoter. Rapidement, car le ciel se couvre et le vent monte, ca caille.
Nous reprenons de la hauteur et marchons en direction du dernier col qui marque la transition avec le passage en hors piste. Durant la montée, la météo continue à se gâter, les nuages s’assombrissent. Heureusement, il n’y a pas de brouillard, et lorsque la piste laisse place aux tourbières, aux étendues vierges, nous arrivons à deviner la bonne trajectoire à emprunter pour rejoindre le fond du glen. La terre est fissurée partout, formant des tranchées de tourbières de plus d’un mètre de haut. Nous passons également des ruines, franchissons un gué et longeons un splendide canyon rocailleux parsemé de cascades. Par contre, il flotte, nous sommes trempés. Heureusement, même sans chemin, nous avançons bien, le terrain est moins difficile que ce que la carte laisse penser. Il n’y a que sur la fin, où plusieurs vallons s’entrecroisent que rien n’est clair. Nous cherchons, tournons un moment avant de trouver un chemin échappatoire pour atteindre le Loch an Daimh. À son approche, le sentier fait une petite boucle pour éviter une zone marécageuse. Comme nous avons déjà les pieds plus qu’humide, nous passons tout droit… De l’autre côté, nous gagnons la piste en provenance d’Ullappol. Il ne reste plus qu’à la suivre sur 3,5 kilomètres pour atteindre le refuge situé au bout du loch. Le Knockdamph Bothy est désert. Nous l’avons rien que pour nous et ce n’est pas plus mal. Crevés, nous pouvons nous mettre à notre aise et nous étaler. Nos affaires sont étendues dans tous les coins du refuge. C’était le défi de cette traversée, le plus dur est fait. Si nous avions des doutes lors des premiers jours, de pouvoir réaliser cette traversée en 13 jours, ils s’estompent ce soir.
Jour 9 – 27 juin : Knockdamph Bothy – Benmore
31,60km | 7h00 | +300/-420m
Fatigués, le réveil est plus tardif, et aujourd’hui nous avons le temps. La journée s’annonce plus paisible. Il y a de la distance, mais aucun col à passer et un chemin tout du long. De plus, ce soir nous allons bivouaquer, et pour ne pas avoir une longue soirée à passer sous la tente, il ne faut pas que nous arrivions trop tôt. Nous poursuivons notre route, avec les chaussures encore mouillées de la veille. Mais elles devraient vite sécher au vu du ciel. En chemin, nous passons devant The Schoolhouse Bothy, un tout petit refuge avec une salle de classe à l’intérieur. Il s’agit bel et bien d’une ancienne école qui fonctionna jusqu’en 1930. Elle faisait partie d’un programme du gouvernement qui implantât de nombreuses mini-écoles dans les coins reculés des Highlands. Nous y faisons une petite halte avant de reprendre la route en direction d’Oykel Bridge.
Deux ou trois maisons, un vieux pont sur la rivière Oykel qui a donné son nom au hameau, et un hôtel. Cette rivière est réputée pour la pêche et elle attire de nombreux amateurs. Nous nous installons au pub de l’hôtel pour y commander un repas. Sandwich de deer et chips maison, avec un pudding pour finir, nous prenons tout notre temps et observons l’ambiance du bar où quelques pécheurs sont accoudés une pinte à la main. Pendant ce temps, dehors, il pleut des cordes, ou plutôt, it’s raining cats and dogs ! Difficile de se motiver pour reprendre la route. À 14h00, le pub ferme, nous n’avons plus le choix. Heureusement, le pire est passé.
Nous remontons la rivière Oykel. Plusieurs cabanons pour les pécheurs se trouvent à intervalles réguliers le long de sa rive. Nous nous disons que ca serait sympa d’en avoir un à proximité de notre campement ce soir. Mais nous ne voyons rien de tel sur la carte malheureusement. Benmore, deux ou trois maisons au bout d’une route, au bout d’un loch, au bout de nulle part… Les alentours du Loch Ailsh sont fortement bosselés et humides avec tous ce qu’il a plu cet après-midi. Nous finissons par trouver un petit coin pour notre tente au détour d’un chemin, un peu à l’arrache. Le comble de cette météo, c’est que j’ai attrapé un bon coup de soleil, j’ai le dessus des mains brûlées… Quant à Célia, sa douleur des premiers jours ne passe pas, elle a de plus en plus mal à son talon. Ca risque de devenir problématique… Comme prévu, nous passons la soirée à l’intérieur de la tente, non pas à cause du temps, mais des midges !
Jour 10 – 28 juin : Benmore – Glencoul Bothy
31,30km | 10h40 | +1 110/-1 230m
Au-dessus de notre tête, le ciel est d’une mocheté impitoyable, et c’est encore pire lorsque l’on regarde en direction du col… Nous continuons de remonter la rivière Oykel. La glen est splendide, étendue, sauvage et elle abrite de nombreux cerfs. Arrivés sous le Loch Mòr, la source de l’Oykel, nous quittons le sentier pour bifurquer ves le col situé au pied du sommet Conival qui culmine à 987 mètres d’altitude. Il offre une vue exceptionnelle sur le Loch Assynt situé tout au bout de la vallée.
La descente est longue, mais toute aussi belle. Célia n’en peut plus, entre la fatigue accumulée, son talon qui la fait souffrir et la pluie qui repart de plus belle. Par chance, nous trouvons une grange à midi, un peu avant Inchnadamph. Ce hameau situé au bord du lac n’est constitué que de quelques maisons dispersées et d’un hôtel avec un bunkhouse. Malheureusement, il était déjà complet lorsque j’avais effectué mes diverses réservations. Nous avons donc planifié notre étape en fonction, et prévu de continuer jusqu’au refuge suivant. Entre la fatigue et le mauvais temps, nous ne faisons pas le détour par Inchnadamph, qui n’est plus qu’à un kilomètre et prenons directement la direction du prochain col.
La montée, dans cette nouvelle vallée, aussi belle que celle du matin, est assez rapide, mais interminable. Nous remontons jusqu’à 625 mètres d’altitude. Le col rocailleux qui contraste avec le vert habituel des Highlands offre parmi l’un des plus beaux panoramas de cette marche avec les nombreux petits lacs présents un peu partout.
La descente pour atteindre la rive du loch Glencoul est longue et il n’y a pas toujours de sentier. Mais la vue spectaculaire sur le fjord est à la hauteur de l’effort. Même le bord du loch atteint, il nous faut encore marcher un bon moment pour arriver au Glencoul Bothy. Ce refuge, magnifiquement situé en surplomb du lac, est confortable, parfait après cette journée de marche. En plus, nous sommes seuls.
Jour 11 – 28 juin : Glencoul Bothy – Lochstack
27,80km | 7h50 | +950/-940m
Nous avons dormi avec les jambes surélevées, elles commencent à tirer. La journée débute par un beau sentier sur les hauteurs des deux bras du fjord, le Loch Glencoul et Loch Glendhu. Le paysage est stupéfiant. Il est radicalement différent de la veille, mais tout aussi grandiose. Nous faisons une halte au Glendhu Bothy. Chacun des deux lochs à son refuge. S’ils se ressemblent beaucoup et sont aussi beaux l’un que l’autre extérieurement et bien situé, notre préférence va au Glencoul Bothy pour son aménagement intérieur plus complet. Nous poursuivons sur la rive sur encore 4 kilomètres avant de la quitter. Nous aurons mis plus de trois heures au final pour contourner les lochs.
La journée se poursuit en prenant un peu de hauteur, sur un plateau qui abrite de nombreux lacs. Le sentier grimpe ainsi jusqu’à un petit sommet. Le Ben Dreavie à 510 mètres d’altitude qui offre une vue sur l’océan Atlantique ! Après ce sommet, l’itinéraire est un peu plus confus. Nous avons du mal à nous repérer et à trouver par où passer pour rejoindre la vallée. Le GPS nous est une nouvelle fois bien utile. À l’approche de la vallée de la rivière Laxford, nous avons une vue sur la suite du parcours. Les montagnes ont une drôle de forme par ici, je trouve qu’elles ressemblent à des carapaces de tortues.
Une fois atteint la petite route qui passe au fond de la vallée, nous la suivons quelques minutes avant de bifurquer vers le Lodge Lochstack. Non loin de celui-ci, nous trouvons un beau petit coin au bord du loch pour installer la tente, au soleil, abrités derrière des arbustes. En plus, il n’y a pas un midge en vue ! Nous pouvons passer la soirée dehors. Par contre, ce n’est que plus tard dans la soirée que nous nous apercevons que le coin est infesté de tiques. Elles sont minuscules et nous devons examiner tout notre corps et les retirer une à une. Même si ce n’est pas les premières que nous croisons, il n’y en a jamais eu autant au mettre carré. Dès que nous faisons le moindre pas hors de la tente, il nous faut refaire un check-up des jambes.
Jour 12 – 30 juin : Lochstack – Strathcailleach Bothy
28,80km | 8h10 | +595/-460m
Ce matin, je pars avec les gants de soie, même si le ciel est couvert. Les maigres rayons de soleil suffisent à me brûler les mains. Quant à la cheville de Célia, elle commence juste à être moins douloureuse après huit jours de marche avec une chevillière équipée d’un coussinet. Nous nous sentons estropiés, mais nous tenons le bon bout, le cap n’est plus très loin !
Après avoir sillonné au milieu des champs de carapaces de tortues, nous suivons un long loch tout en longueur puis sa rivière. Le coin est, comme souvent, sauvage et la végétation reprends vite ses droits sur cet étroit sentier au bord de l’eau. Au bout du chemin se trouve Rhiconich, un hôtel, un poste de police et des sanitaires. Il pleut, et nous apprécions ces derniers et le sèche-mains à air chaud qui s’y trouve, le temps d’une pause et de réfléchir à la suite du parcours. Cinq kilomètres de bitume nous attendent. Jusqu’à présent, nous n’en avons eu que très peu. En dehors des entrées et sorties des hameaux de Kintail et Kinlochewe, nous n’avons eu que deux portions d’à peine plus d’un kilomètre. À chaque fois, sur des petites routes de campagne, sans bas-côté, où les voitures roulent vite. Entre la circulation plus dense ici, le manque d’espace pour marcher en sécurité et la pluie, nous décidons de faire du stop, exceptionnellement. Nous sommes rapidement pris et quelques minutes plus tard, nous nous trouvons au London Stores au lieu-dit de Badcall. Une toute petite épicerie qui se situe au bord de la route. Elle n’est pas très fournie, mais nous trouvons tout de même de quoi nous ravitailler pour les deux prochains jours.
De là, deux itinéraires s’offrent à nous. Soit nous passons la petite ville de Kinlochbervie, située un poil plus loin, et suivons une route sur presque 8 kilomètres, avant de rejoindre un chemin qui mène à Sandwood Bay. Cela ne nous enchante guère. Soit, nous prenons un sentier qui débute derrière l’épicerie et qui traverse un no man’s land marécageux… Nous choisissons cette seconde option, en espérant que le temps va changer, car pour l’instant, il pleut. Avant de reprendre la marche, nous nous réfugions dans un vieil atelier accolé à une maison, pour manger debout quelques rations que nous venons d’acheter.
Nous errons à travers un terrain vallonné bien humide jusqu’à atteindre la vallée de la rivière Strath Shinary. Depuis le petit col, nous pouvons apercevoir au loin le Loch Sandwood, la côte déchirée et l’océan. Cette variante offre un spectacle de toute beauté ! La récompense est à la hauteur de l’effort. Nous longeons le loch pour atteindre en son bout, Sandwood Bay. La plage de cette baie est souvent considérée comme l’une des plus belles d’Écosse et pour certains, au monde. Une eau d’un bleu caraïbe et un sable rose, contrastent avec le vert des terres. Nous restons sur une petite hauteur pour l’admirer, le vent et le ciel gris n’incitant pas à la baignade.
Nous coupons par le plateau pour rejoindre notre refuge du jour. À son approche, nous ramassons des broussailles en vue de faire un petit feu ce soir. Au Strathcailleach Bothy, nous découvrons un charmant refuge, mais aussi un personnage, James McRory Smith dit Sandy, qui vécut ici, reclus, comme un ermite, durant 32 ans jusqu’en 1994. Artiste, de nombreuses peintures ornent toujours les murs de ce bothy lui donnant une âme.
Jour 13 – 1er juillet : Strathcailleach Bothy – Cape Wrath
12,30km | 3h30 | +345/-330m
Nous laissons derrière nous la cabane de Sandy pour une ultime traversée de tourbières afin d’atteindre la côte. De celle-ci, nous apercevons Sandwood Bay et vers le Nord, le phare du cap ! Il est tout petit pour l’instant, mais nous touchons au but. Le ciel est légèrement couvert, mais le vent souffle fort. Il ne tarde pas à chasser les nuages pour laisser place à un grand ciel bleu. Nous longeons les falaises abruptes, découpées, avec l’océan à perte de vue comme panorama. Quelques moutons rôdent dans le secteur. Lorsque nous arrivons à l’entrer de la zone militaire, aucun drapeau rouge n’est hissé. Nous pouvons passer ! Dans le cas contraire, cela aurait signifié que des exercices militaires étaient en cours et nous aurions du faire demi-tour jusqu’à Kinlochbervie. Apparemment, il n’y a pas d’exercice militaire durant le mois de juillet, une chance pour nous. Nous franchissons le portique qui pourrait se confondre avec un enclos à mouton s’il n’y avait pas tous ces panneaux d’avertissements : warning, military lands, troops trainning do not suspicious objetcs…
Nous errons dans ce dernier no man’s land avec le phare du cap pour nous guider. Nous arrivons au Cape Wrath sous un magnifique ciel bleu, de quoi faire oublier les aléas du parcours. Nous y sommes, au bout du chemin au bout du Cape Wrath Trail, au bout de l’Écosse, à l’extrême Nord-Ouest du pays. Tous ces efforts et cette énergie déployés depuis 13 jours sont récompensés par la joie d’arriver sur cette petite pointe perchée sur des falaises dominant l’océan atlantique et dominée par un phare de 120 mètres de haut.
Nous allons nous poser dans la cafétéria. Le gérant, gardien du phare, vit ici en permanence, accueillant les randonneurs et les quelques touristes journaliers. Les navettes qui relient le cap Wrath au ferry de Keodale sont garées devant, les chauffeurs attendent que leurs passagers finissent leur petit tour des environs. J’en profite pour leur demander s’ils peuvent nous déposer à l’entrée de la baie de Kearvaig, où nous souhaitons passer la nuit, et nous récupérer demain matin pour nous conduire au ferry, unique route de sortie en dehors du chemin par lequel nous sommes arrivés.
La baie de Kearvaig, que l’on aperçoit de la pointe du cap Wrath, se situe à mi-chemin sur la route pour Keodale. De ce que nous avons pu lire, elle abrite l’un des plus beaux refuges du Cape Wrath Trail. Comme notre bus de retour ne part que demain après-midi, nous avons le temps d’aller passer une dernière nuit dans un bothy, plutôt que dans une auberge de Durness.
Le Kearvaig Bothy est effectivement superbe, plongé dans un cadre magnifique au milieu de la baie. Il vaut le détour. C’est pour nous l’heure du repos, de profiter du soleil. Après avoir ramassé des broussailles en vue de faire un feu de cheminée ce soir, nous passons une bonne partie de l’après-midi à observer, admirer, photographier les nombreux macareux et pingouins qui ont élu domicile sur les falaises de la baie.
Le lendemain matin, la navette nous récupérera et nous déposera au ferry de Keodale, une simple barque. Une fois sur l’autre rive de l’éstuaire de Kyle of Durness, nous ferons du stop pour rejoindre Durness situé à quatre kilomètres. L’après-midi, nous enchaînerons avec un bus pour Inverness où nous passerons la nuit, et nous rejoindrons Glasgow le jour suivant.